Chaque arbre (généalogique) a ses racines dans la terre
Il y a un proverbe en généalogie qui dit que chaque individu descend d’un roi et d’un pendu. Pour ma part, j’ai trouvé le roi mais je cherche toujours le pendu. Cependant, ce qui est sûr c’est que chaque individu descend d’un travailleur de la terre. Pour moi, « chaque arbre à ses racines dans la terre ». Dans mon cas ce n’est pas d’un, mais des centaines voire de milliers d’hommes et de femmes qui à travers les générations passées ont été paysans, laboureurs, cultivateurs, journaliers1, agriculteurs ou exploitants agricoles. Quelles que soient leurs appellations, ces personnages ont travaillé la terre et nourri leurs contemporains.
Les paysans ont toujours été et seront toujours indispensables à la société. C’est donc ainsi que lorsqu’on m’a demandé de faire un article sur un vieux métier, ce qui s’est imposé immédiatement à moi c’est de mettre à l’honneur les travailleurs de la terre. Aujourd’hui, c’est mon frère qui tient l’exploitation familiale. J’ai donc eu l’idée de remonter un peu l’histoire tout d’abord de l’agriculture mais également de la terre où j’ai grandi.
« Labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France. »
Maximilien de Sully au Roi Henri IV en 1638 en hommage à la paysannerie
Les débuts de l’agriculture et de l’élevage
L’histoire des débuts de l’agriculture et de l’élevage remonte à plusieurs milliers d’années. Elle marque alors une étape cruciale dans l’évolution de l’humanité. Environ 10 000 ans avant notre ère, les sociétés humaines, jusqu’alors nomades et chasseurs-cueilleurs, ont commencé à s’établir dans des zones fertiles. On peut voir ce phénomène notamment dans le « Croissant fertile », qui s’étend de la Mésopotamie à l’Égypte. Ce changement de mode de vie a permis aux populations de cultiver des céréales comme le blé et l’orge, tout en domestiquant des animaux tels que les moutons, les chèvres et les bovins.
Cette transition vers l’agriculture a entraîné des conséquences profondes sur la structure sociale, économique et culturelle des communautés. Les surplus alimentaires ont favorisé la sédentarisation, la croissance démographique et l’émergence de villages, puis de cités. L’agriculture a également permis le développement de nouvelles technologies et de pratiques agricoles, qui ont évolué au fil des siècles. Ainsi, les débuts de l’agriculture et de l’élevage constituent un tournant majeur dans l’histoire humaine. Ils jettent les bases des civilisations modernes et de l’organisation sociale telle que nous la connaissons aujourd’hui.
Détail d’une vignette du Livre des Morts de Dame Cheritwebeshet, Égypte ancienne (source photo personnelle)
Paysans au travail : les premiers outils
L’apparition des outils au début de l’agriculture a joué un rôle déterminant dans la transformation des pratiques agricoles et l’amélioration de la productivité. À mesure que les sociétés humaines se sédentarisent, elles commencent à concevoir et à fabriquer des outils adaptés à leurs nouvelles activités. Les premiers outils agricoles, tels que les bêches, les houes et les faucilles, sont souvent fabriqués en pierre, en os ou en bois. Ces instruments permettent de préparer le sol, de semer des graines et de récolter les cultures de manière plus efficace qu’avec les seules mains. Par exemple, la découverte de la charrue, qui a été perfectionnée au fil du temps, a révolutionné le labourage en permettant de travailler des surfaces plus grandes et de manière moins laborieuse.
L’innovation des outils a non seulement facilité le travail agricole, mais elle a également contribué à l’émergence de nouvelles techniques de culture. Elle favorise ainsi la diversification des cultures et l’augmentation des rendements. Cette évolution technologique est un facteur clé dans le développement des sociétés agricoles. Elle a permis à des communautés de prospérer et de se structurer autour de l’agriculture, jetant ainsi les bases de l’économie et de la société moderne.
150 ANS D’HISTOIRE DANS LA FERME FAMILIALE
Comme je vous le disais au début de cet article, j’ai grandi à Fay de Bretagne2 dans la ferme familiale. Mon frère exploite à présent ces terres. Avant lui c’était mon père et mon grand-père. J’ai cherché à en savoir plus sur la généalogie familiale de cette propriété agricole. Depuis quand la famille est installée dans ce village et dans cette maison ? Voici donc plus de 150 ans de l’histoire des terres du Moulin de Violaye3.
Les premiers arrivants à Fay de Bretagne
L’histoire commence avec Julien Deniaud mon aïeul. Julien est né à Orvault4 en 1751. Il se marie le 17 mai 1768 avec Jeanne Gaudeau. Le 7 juin 1785, veuf avec 4 enfants en bas âge, il se remarie avec Marguerite Hubon qui lui donne 7 autres enfants. L’avant dernier de ses 11 enfants est mon ancêtre, Léger Deniaud. A cette époque-là, les fermes sont petites et tous les fils ne peuvent pas s’installer et prendre la suite de leur père. Après son mariage le 17 mars 1814 à Orvault avec Rose David, le couple part s’installer à Fay de Bretagne au village de la Violaye où naitrons leurs enfants. A cette époque, Léger est cultivateur. Le couple aura 3 fils. Le premier également prénommé Léger prend la suite de son père et s’installe à son tour dans la ferme de la Violaye5.
La première génération au Moulin de Violaye
Joseph le cadet, se marie avec une certaine Marie Gerbaud en 1850. Ils s’installent tout d’abord au Radin, village de Fay de Bretagne également. A cette époque le couple a deux filles. Joseph est laboureur. Laboureur est un métier différent de celui de cultivateur comme le sont son père et son frère. En effet, le laboureur n’a pas de terre a lui. Le plus souvent c’est un homme qui possède un ou deux bœufs. Il se loue avec ses animaux et sa charrue pour travailler les terres des cultivateurs aux alentours.
Une dizaine d’années passent. Joseph et Marie ont assez d’économies pour s’acheter leur propre terre et s’installer comme cultivateurs. Louis Taupin, meunier dans le village voisin leur vend quelques ares de terre pour que la famille s’installe. Comme les actes notariés de 1860 nous le démontrent, croisés avec la table de recensements de 1861 sur cette même commune, Joseph achète cette terre au Moulin de Violaye en 1860. Ils achètent quelques vaches puisque à l’état civil, Joseph est cultivateur et Marie marchande de beurre qu’elle fabrique avec le lait de ses vaches.
La table des recensements est consultable à cette adresse https://archives-numerisees.loire-atlantique.fr/v2/ad44/visualiseur/recensement.html?id=440095765 (page 22 au bas de la première page et en haut de la seconde) mais l’écriture est un peu passée par le temps.
Installé donc dans ce village, au pieds de deux moulins, le couple aura 12 enfants : 9 filles et 3 garçons. Sur ces 12 enfants, seulement 8 arriveront à l’âge adulte dont un seul garçon. Le dernier des garçons, Joseph, est le seul enfant de sexe masculin qui survivra.
L’un des deux moulin fait partie aujourd’hui des outils de production de la ferme, voici son évolution au fil du temps :
Les paysans et la première guerre mondiale : la deuxième génération face à l’histoire
Joseph grandit donc, entouré de ses parents et de ses 7 sœurs. Il se marie à Fay de Bretagne en 1874 avec Anne-Marie Gérard et prendra la suite de son père dans la ferme familiale. Anne-Marie et Joseph ont à leur tour deux fils, Joseph et Jean. L’exploitation continue tranquillement de prospérer. Malheureusement un évènement inattendu va interférer dans ce bonheur simple de la campagne.
Joseph, l’aîné, né en 1896 est appelé au combat en 1916 comme tous ses conscrits de l’époque. La première guerre mondiale est un bouleversement total pour le pays et surtout pour le monde rural. En effet, ce conflit a appelé 3 000 000 de paysans sur le front (soit plus de 60% du nombre total de paysans en France). 500 000 à 700 000 ne reviendront pas.
Illustrations du travail des femmes pendant la première guerre mondiale (source COMPA6 à Chartres)
Privé du cheval, réquisitionné par l’armée comme la plupart des véhicule en circulation à l’époque, le travail des femmes est alors colossal.
Certaines grandes propriétés ont le privilège de pouvoir employer des prisonniers allemands pour faire le travail des hommes partis au front mais les petites exploitations ne peuvent pas se le permettre. En effet, « l’employeur » de ces prisonniers doit s’acquitter d’un loyer pour chaque homme à son service. On a pu notamment retrouver des traces de ces transferts de prisonniers dans les papiers retrouvés au Château de Briord7 à Port-Saint-Père dont vous pouvez retrouver le site ici https://terredebriord.fr/. Voici un exemple de relevé d’heures de travail reçu par Jean-Baptiste Étienne, propriétaire du château pendant la guerre qui utilisait la force de travail de l’ennemi notamment pour ramasser les pommes de terre.
Les femmes devenues par obligation cheffes d’exploitations sont renvoyées à leurs tâches d’avant guerre au retour des hommes. Cependant, dans certains cas où le mari ne rentre pas ou qu’il est blessé ou handicapé, elles devront continuer d’endosser ce rôle. Dès que l’homme est de nouveau en état de travailler ou qu’un fils devient en âge de le remplacer, la femme, la mère, la sœur… est renvoyée aux fourneaux à son rôle de ménagère.
Pour en revenir à Joseph, lui, le fils aîné, rentre au Moulin de Violaye après l’armistice. Deux ans plus tard, en 1920, il se marie avec une jeune fille de Saint Joachim8, Maria Saulnier. Le père des deux garçons âgé de 55 ans est encore capable de s’occuper seul de la ferme avec l’aide de son plus jeune fils âgé de 15 ans et de sa femme. Joseph part donc s’installer tout d’abord à Bouvron9 une commune voisine puis à Saint-Herblain10 pour y travailler dans sa propre exploitation.
Les paysans dans l’entre deux-guerres : la troisième génération s’installe
Jean le plus jeune des fils, né en 1905, reste au village et reprend donc la ferme familiale. Il travaille auprès de ses parents qui resteront avec lui jusqu’à leur mort respective.
Jean, mon arrière-grand-père donc, épouse en août 1928 la jeune Yvonne Calo de Notre-Dame-des-Landes11, commune voisine. Le couple s’installe avec les parents et travaille ainsi à faire fructifier l’exploitation familiale. De cet amour naît en 1929 Simone ma grand-mère qui sera leur seule enfant.
Photo personnelle de Simone prise à l’école communale
Les regards changent à cette époque sur le monde agricole. En effet, beaucoup d’hommes sont partis travailler à la ville à cause de l’industrialisation croissante du pays. Pour la première fois en France en 1929, la population rurale est égale à la population urbaine. Les gens de la ville snobent alors les paysans. Ces derniers les prennent pour des « arriérés » qui refusent le progrès et acceptent de vivre dans la misère. Ce regard sur eux va encore changer en 1939 quand la seconde guerre mondiale éclate.
Les paysans pendant la seconde guerre mondiale
La petite famille vit paisiblement au pied des deux moulins lorsque la seconde guerre mondiale débute. Comme partout en France, c’est un bouleversement total.
Jean qui a un peu plus de 30 ans serait mobilisable si des problèmes de santé ne l’en empêchaient. En effet, lors de son service militaire, il a contracté une pneumonie qui a dégénéré et qui l’a rendu inapte à la mobilisation. Ce problème le poursuivra toute sa vie puisqu’il développera une insuffisance aortique et mitrale.
Extrait de la fiche matricule de Jean Deniaud (source AD 44)
La seconde guerre mondiale est un bouleversement pour le reste du monde agricole. En effet, là encore les hommes partent au combat et les femmes restent seules pour s’occuper des exploitations. Du côté rural c’est près d’un quart du monde agricole qui part défendre son pays (plus de 1 000 000 de fermiers). L’armée pousse ces paysans systématiquement en première ligne. Cela fera des centaines de milliers de morts et de prisonniers de guerre envoyés en Allemagne travailler les terres de l’ennemi. J’ai consacré deux de mes articles à ce sujet, vous pouvez les retrouver ici : https://maggenealogie-arbresethistoires.com/les-leon-herve-deux-generations-sacrifiees/ et https://maggenealogie-arbresethistoires.com/dans-les-pas-de-francois-charpentier/
En 1940, c’est la débâcle. Des milliers de parisiens fuient l’arrivée des allemands dans la capitale et se réfugient dans les campagnes. Ceux qui sont restés dans les villes ont faim.
Certains témoignages de l’époque racontent : « On n’a jamais eu autant de cousins que pendant la guerre. Des gens débarquaient chez nous en se disant la cousine d’une grand-mère, le frère d’un grand-oncle, le cousin au troisième degré qui était venu au mariage d’untel… Tout cela pour trouver un refuge ou un peu de nourriture ».
Photo du film « En mai fais ce qu’il te plaît » de Christian Carion (Photo de Jean-Claude Lother)
Après la guerre, les pénuries et le rationnement continuent. Le gouvernement rappelle les paysans au travail mais tout est à reconstruire. Beaucoup d’hommes sont morts aux champs de batailles ou dans les camps. Plus de 2 000 000 d’hectares de terres sont dévastées ou abandonnées.
Lorsque la guerre prend fin, ces restrictions ne sont pas abandonnées pour autant. En effet, la « carte de pain », supprimée en mai 1945, est rétablie en décembre de la même année, pour ne disparaître finalement que le 1er février 1949.
Carte de pain (source : papiers de famille)
Les terres n’ont pas été cultivées depuis des années pour certaines, tout le monde est pauvre en 1945. Il faut réinvestir dans les semences et surtout trouver de la main d’œuvre. En effet, à cette époque les désherbants n’existent pas pour remettre en état les terres en friche. Tout se fait manuellement, l’homme passe son temps à marcher derrière le cheval à labourer et retourner la terre pour lui rendre vie.
L’image du paysan retrouve alors un peu de noblesse contrairement à celle plus péjorative d’avant-guerre.
Après la seconde guerre-mondiale : la quatrième génération au travail
Dans les années 50, Jean est seul à s’occuper de sa ferme. À la suite des problèmes de santé qu’il a eu lors de son service militaire, il est obligé de prendre un journalier pour l’épauler dans son travail. Le jeune René Bretel arrive donc au Moulin de Violaye. Ce jeune homme originaire de Blain12, commune voisine, s’installe dans la petite maison.
Entre la jeune Simone et René une idylle voit le jour. Poussés un peu par le curé du village qui voit d’un mauvais œil la promiscuité de deux jeunes gens sous le même toit, le couple se marie le 8 janvier 1952.
Les jeunes mariés travaillent avec Jean jusqu’en 1957, année de son décès lié à ses problèmes de santé. Yvonne restera dans la petite maison avec sa fille et son gendre jusqu’à sa mort en 1992.
Les paysans pendant les trente-glorieuses
Simone et René ont deux fils, Marcel tout d’abord né en 1953 puis Jean-Yves en 1955. Quelques années plus tard la ferme commence à se moderniser avec l’arrivée du 1er tracteur en 1970. C’est un tracteur d’occasion, un Fendt Güldner, mais pour la famille c’est un grand changement. Cette première expérience leur permet de découvrir ce nouvel outil de travail qui remplace les chevaux ou les bœufs. Cela se révèle concluant à tel point qu’en 1974, René achète un tracteur flambant neuf, un Fendt Farmer 45. Le travail à la ferme est alors plus facile. Fini le labour à marcher des journées entières derrière un cheval.
Les paysans au quotidien
Marcel, l’aîné des fils choisit une autre carrière loin de l’agriculture. Il travaille tout d’abord dans les PTT13 avec son épouse Maryvonne puis embrasse une carrière dans la médecine. Jean-Yves le second, n’a jamais envisagé autre chose que le travail de la terre. Il part faire des études pour devenir exploitant. Jean-Yves est de la première génération à devoir faire des études pour travailler dans son exploitation.
Comme de tout temps, malgré le matériel qui facilite le travail, l’entraide est de mise dans les villages. Aujourd’hui on appelle cela « l’équipe d’ensilage » par exemple. Cette équipe regroupe des agriculteurs de fermes plus ou moins éloignées qui travaillent ensemble chez les uns puis les autres. Cela réduit les coûts d’investissements sur du matériel et permet une cohésion entre les hommes, ce qui rompt l’isolement.
A l’époque de René et Simone, ces équipes sont des « bataillons ». Des paysans, voisins, se regroupent pour faire les battages notamment car il faut beaucoup de main d’œuvre. En plus des hommes et des femmes, les enfants se joignent à eux puis parfois les voisins non fermiers, les amis, les gens de passage l’été.
Dans les archives familiales, il m’est arrivé de trouver des photos de cette époque et de ce travail dans la convivialité. Par exemple, une famille venue de Paris passait ses vacances d’été dans le village. Une source d’eau était accolée à leur maison où tous les paysans du coin venaient y puiser l’eau pour abreuver le bétail. Cette source donnait tellement que même pendant la sécheresse de l’été 1976, elle fournissait encore assez d’eau pour remplir tous les tonneaux du voisinage. Cette famille participait aux battages et ils sont restés des amis très chers encore aujourd’hui. C’est cela aussi la convivialité des gens de la terre.
Diverses scènes de travail dans les années 60/70 au Moulin de Violaye ainsi que dans les villages aux alentours (photos offertes par Ethel Guatto)
Début des lois encadrant l’agriculture
Depuis le retour du Général De Gaulle14 au pouvoir en 1959 et la création de la CEE15 (Communauté Économique Européenne) en 1958 les choses ont bien changé. L’agriculture entre pour la première fois dans le marché commun par le traité de Rome. Parallèlement à cela, le plan Marshall16 est passé par là depuis la fin de la guerre. Le Président De Gaulle accompagné de son ministre de l’agriculture Edgard Pisani17 décident donc d’une restructuration agricole. Pour faire une agriculture forte qui ne soit pas à la traîne sur le plan européen et mondial, la moitié des paysans est poussée à la retraite avec l’objectif de réduire à 500 000 les 2 000 000 d’exploitations en activité à l’époque. Les jeunes, désormais, vont devoir se former à l’école d’agriculture pour devenir des exploitants.
C’est dans ce contexte que Jean-Yves part à la Maison Familiale de Saint Étienne de Montluc18 pour y passer un BAA (Brevet d’Apprentissage Agricole). Il y suivra des cours pour gérer une exploitation et la développer au mieux.
La PAC19, bouleversement majeur de l’organisation du travail
Depuis la fin de la guerre, les agriculteurs ont été poussés à investir pour s’agrandir et produire toujours plus. La population a faim, il y a encore les tickets de rationnement20 qui sont toujours en place même après la fin du conflit.
En 1962, Edgard Pisani, toujours ministre de l’agriculture française participe à la création de la PAC (Politique Agricole Commune). Ce dispositif est sensé réguler la production européenne par certaines lois. Les paysans d’après-guerre voient cela d’un mauvais œil. On vient leur dire quoi produire, en quelle quantité… En effet, depuis 15 ans on leur demande d’investir pour augmenter leur production. Cependant, alors que les emprunts sont pour la plupart toujours en cours de remboursement, on met un frein à cette production. Ils ne peuvent donc plus vendre.
La PAC a un renouvellement pluriannuel. Les directives et les demandes changent donc régulièrement et certaines exploitations ne peuvent pas suivre. Voici un récapitulatif de certaines demandes imposées aux agriculteurs qui doivent gérer au mieux les contraintes qui leur sont imposées.
Évolution du consommateur
Par la suite, le visage de la consommation change également. Les paysans jusqu’alors vendent leur production en direct, sur les marchés ou à des commerçants de quartier. En 1963, le premier supermarché ouvre en région parisienne. C’est un bouleversement pour le monde agricole. La viande, les légumes, les produits laitiers… sont vendus comme les vêtements ou les objets du quotidien. C’est le début des surgelés, du beurre en barquette, du lait en brique… Les consommateurs changent leurs habitudes et les agriculteurs doivent désormais vendre leur production à des centrales d’achats21. Cet intermédiaire supplémentaire baisse la part du revenu du producteur. Il y a, de plus, la concurrence des produits étrangers qui oblige parfois les agriculteurs français à vendre à perte.
Cinquième génération Jean-Yves s’associe avec son père
C’est dans ce contexte d’évolution de la société que Jean-Yves s’installe avec son père René. En septembre 1976, il se marie avec Madeleine Joulain qui travaille pour sa part dans la ferme de ses parents de l’autre côté de la commune. Jean-Yves et Madeleine font construire une maison derrière celle de Simone et René qui vivent toujours avec Yvonne. Ils sont les premiers à quitter la maison familiale pour faire construire à côté. Le couple a deux enfants, moi qui suis l’aînée et mon frère Sylvain.
La ferme se développe alors en cette fin des années 70. Une salle de traite moderne pour l’époque est construite en 1976, des bâtiments pour le bétail… et du matériel plus sophistiqué comme le premier tracteur à cabine de l’exploitation qui est acheté en 1976, un John Deere très innovant lui aussi pour l’époque.
Jean-Yves et Sylvain dans le premier tracteur à cabine de l’exploitation (source : photo personnelle)
René prend sa retraite en 1992 à 67 ans avec son épouse Simone. Malgré le fait qu’il travaillait depuis l’âge de 12 ou 13 ans dans les fermes, il n’avait pas ses 40 années de cotisations. Par la suite, il a continué à épauler son fils jusqu’à ce que son état de santé l’en empêche. Il vaquait à des occupations de-ci-de-là où son savoir-faire était nécessaire : réparer une clôture, aller chercher les vaches aux champs, les changer de pâtures, leur donner à manger ou à boire… Comme tous ceux qui travaillent dans l’agriculture le savent, tant que les forces sont là, on n’a pas envie de s’arrêter. En 1992 Jean-Yves et Madeleine s’associent sous le statut d’un EARL22. Madeleine est la première femme à pouvoir s’installer en tant que conjointe associée sur les terres du Moulin de Violaye.
Les femmes dans l’agriculture
Il est utile de faire ici une parenthèse sur le statut des femmes dans l’agriculture. Si aujourd’hui une femme peut s’installer avec son mari ou même seule, cela n’a pas toujours été le cas. En effet comme on a pu le voir dans le début de cet article, lors des conflits, elles se sont émancipées. Pendant la guerre, la plupart des exploitations sont tenues par les femmes. Les maris sont soit blessés, soit infirmes ou prisonniers… s’ils ne sont pas décédés. Elles devront continuer ce travail au retour des hommes, s’ils reviennent, le temps qu’ils se remettent de leurs conditions de détentions. Malheureusement pour ces héroïnes du quotidien, cette embellie dans leur statut sera de courte durée car dès que les hommes le peuvent ils reprennent leur rôle de chef de famille et les femmes sont reléguées au statut de ménagères.
Dans une bonne partie du XXème siècle, la majorité du travail se fait à la main et la seule force de travail de l’homme ne suffit pas. Tous les membre de la famille sont mis à contribution dès le plus jeune âge. Il n’est pas rare qu’une femme fasse 70 heures par semaine sans compter les heures qu’elle consacre aux papiers, à la comptabilité, aux repas, au linge, aux enfants… sans avoir aucun statut. En 1910, le gouvernement promulgue les premières lois sur les retraites agricoles, mais seul le mari est concerné. La femme n’a aucun statut donc aucune retraite n’est envisageable. Elles n’ont même pas de numéro de sécurité sociale, les tracteurs et autres matériels sont mieux assurés que les femmes d’agriculteurs.
Dans les années 50 les choses commencent à changer. Les JAC23 (Jeunesse Agricole Catholique) sont crées. Ce mouvement qui rassemble les femmes d’agriculteurs, leur permet d’échanger sur leur situation, leur travail, leur vie en général. Ces femmes sont les premières à poser le problème du statut des femmes d’agriculteurs. Elles avaient toutes le même parcourt. Travaillant chez leurs parents jusqu’à leur mariage, elles dévouent ensuite leur force de travail à leur époux sans salaire ni statut donc sans avantages sociaux ni moyens de subsistance en dehors du foyer. Elles n’ont alors aucune possibilité de quitter leur mari sans se retrouver à la rue et sans ressources.
En 1971, les premières manifestations pour l’indépendance des agricultrices ont lieu. Elles sont soutenues par les mouvements féministes en plein essor sur cette période. Leurs voix seront enfin entendues à la fin de cette décennie puisqu’en 1980 les femmes obtiennent le statut d’agricultrice mais seulement sur demande de leur mari. Elles devront attendre encore plus de 30 ans pour qu’elles aient le droit de s’installer en GAEC (Groupement Agricole d’Exploitation en Commun) avec leur époux. Ce droit entre en vigueur en 2011.
Aujourd’hui 26% des exploitations ont une femme à leur tête … par choix et non par mariage.
Le dernier salon de l’agriculture, nous donne des chiffres sur cette féminisation du travail agricole. En effet, Les lycées agricoles comptent 47 % de filles et les écoles d’ingénieurs agronomes 60 % de jeunes femmes. En revanche, malgré le fait qu’elles ne soient « que » 26% à la tête des exploitations, le ratio est stable depuis une dizaine d’années malgré la baisse du nombre d’exploitations.
Les crises agricoles
Au cours des cent dernières années, le monde agricole a traversé de nombreuses crises. Elles ont façonné le secteur et influencé les politiques agricoles à l’échelle mondiale. La Grande Dépression24 des années 1930 a été l’une des premières grandes crises du XXe siècle. Elle a provoqué une chute des prix des produits agricoles et une détresse économique pour les agriculteurs. La Seconde Guerre mondiale a ensuite perturbé les marchés et entraîné des pénuries alimentaires. Ce conflit a poussé à une réorganisation de la production.
Les décennies suivantes ont vu la montée de l’industrialisation et de la mécanisation, mais aussi des crises de surproduction dans les années 1980. Cela a conduit à des excédents alimentaires et à des baisses de prix, forçant de nombreuses exploitations à disparaître. Plus récemment, le secteur est confronté aux dérèglements climatiques. Ces crises affectent les rendements agricoles et mettent en péril la sécurité alimentaire mondiale. Les crises sanitaires, comme l’épidémie de la vache folle25 dans les années 1990 et plus récemment la grippe aviaire26, ont également secoué le secteur. À cela s’ajoutent les crises économiques et géopolitiques, telles que les tensions commerciales et les embargos, qui ont perturbé les échanges et les marchés agricoles. Chaque crise a entraîné des ajustements dans les pratiques agricoles et les politiques, avec une attention croissante sur la durabilité, la résilience et l’autosuffisance alimentaire.
Conséquences des crises agricoles sur l’homme
Le mal-être des agriculteurs est un problème croissant. Il a attiré l’attention sur les défis immenses auxquels ce secteur est confronté. Les exploitants subissent des pressions économiques intenses. Ils font face notamment à des taux d’endettement élevés, des prix fluctuants des produits agricoles, et une concurrence accrue sur les marchés mondiaux. Ces facteurs économiques sont souvent exacerbés par l’isolement social, les longues heures de travail, et les incertitudes liées aux conditions météorologiques et au changement climatique. Le stress psychologique et physique cumulé peut entraîner des problèmes de santé mentale, notamment la dépression et l’anxiété. Malheureusement, cela a conduit à un taux de suicide alarmant parmi les agriculteurs, qui est souvent supérieur à celui des autres professions. Certaines études évaluent ce nombre à un suicide tous les deux jours, soit un taux 43,2 % supérieur aux autres professions.
Le manque de soutien adéquat et de services de santé mentale accessibles dans les zones rurales aggrave la situation. Face à cette crise, de nombreux pays ont commencé à mettre en place des mesures pour soutenir les agriculteurs. On peut voir par exemple des lignes d’assistance téléphonique, des programmes de gestion du stress, et des initiatives pour promouvoir le bien-être mental. Cependant, il reste encore beaucoup à faire pour aborder les causes sous-jacentes de ce mal-être et offrir un soutien plus complet aux agriculteurs.
Les agriculteurs ont 20% de risque supplémentaire de développer un cancer que le reste de la population française. En effet, ils sont exposés à un risque accru de développer certaines maladies en raison de leur contact fréquent avec des produits chimiques agricoles, tels que les pesticides et les engrais. Ces substances, souvent utilisées pour protéger les cultures des parasites et des maladies, contiennent des composés qui peuvent être cancérigènes. L’exposition peut se produire par inhalation, ingestion, ou contact cutané lors de l’application de ces produits. Des études ont montré une corrélation entre l’utilisation de certains pesticides et l’incidence de cancers, notamment le lymphome non hodgkinien, la leucémie, et le cancer de la prostate.
En plus des produits chimiques, les agriculteurs peuvent également être exposés à d’autres facteurs de risque cancérigènes, tels que les rayonnements ultraviolets, augmentant ainsi le risque de cancer de la peau. Pour atténuer ces risques, il est essentiel de promouvoir l’utilisation de pratiques agricoles sûres, comme le port d’équipements de protection individuelle, et d’encourager la transition vers des méthodes agricoles plus durables et moins dépendantes des produits chimiques. La sensibilisation et l’éducation des agriculteurs sur les dangers et les moyens de protection jouent un rôle crucial dans la réduction des risques de cancer dans le milieu agricole.
Aujourd’hui, la sixième génération au Moulin de Violaye
Sylvain, le fils de Jean-Yves et Madeleine, a baigné dans ce milieu depuis tout petit. Les vaches et les tracteurs n’ont aucun secret pour lui. En effet, dès qu’il a su marcher, il a suivi son père et son grand-père à travers la ferme. C’est tout naturellement qu’il décide à son tour de reprendre l’exploitation familiale.
Sylvain au travail à la fin des années 80 (source photo personnelle)
Il part donc dès la 4ème à l’école d’agriculture de Derval27. Là-bas il se forme à son métier et obtient un BTA (Brevet de Technicien Agricole). Ce diplôme est indispensable à l’époque à la gestion d’une exploitation.
En 2003, son BTA en poche, il s’installe alors en GAEC28 avec ses parents. Ce groupement restera actif jusqu’à la retraite de Jean-Yves et Madeleine en 2017. A cette époque l’exploitation se nomme le « GAEC des deux moulins ».
Sylvain (à gauche) avec mon fils Titouan dans ses bras et Jean-Yves (à droite) un peu après la formation du GAEC en 2006 (photo personnelle)
Sylvain est aujourd’hui marié et père de famille. Par rapport aux générations précédentes, une différence est à noter à ce sujet. En effet, Mélanie sa femme est la première en six générations à travailler à l’extérieur de l’exploitation. Autre différence notoire, plutôt que de reprendre un associé, il fera le choix d’employer un salarié.
De gros investissements ont été fait dans la ferme ces dernières années. Par exemple, en 2003, une nouvelle salle de traite plus moderne est installée. De nouveaux bâtiments sont également construits pour le bétail.
Tracteurs et machines agricoles actuels
Sylvain a privilégié l’élevage laitier, voici quelques illustrations de son travail et de son exploitation.
L’exploitation se nomme désormais « la ferme des deux moulins ». Face aux exigences de la PAC, aux problèmes climatiques, à l’incertitude sur le prix du lait… elle s’est diversifiée. Tout d’abord, la plupart des bâtiments sont recouverts de panneaux solaires. Cela permet de générer un revenu sur la revente de l’électricité. La surface totale de ces panneaux est supérieure à 3 000 m2. A côté de cela, Sylvain et Mélanie ont rénové un des deux moulins du village pour le transformer en gîte. Vous pouvez le découvrir ici https://www.gites.fr/gites_gite-du-moulin-de-la-violaye_fay-de-bretagne_54973.htm. Cette activité leur permet également de s’ouvrir à une nouvelle clientèle. Un autre gîte verra bientôt le jour dans la maison de nos ancêtres, premier bâtiment de la ferme en 1860. Une activité de location de box est également en cours de développement.
D’autres feront le choix des visites pour les écoles par exemple, des ventes directes à la ferme de produits transformés sur place, de location de bâtiments…
Et après…
Aujourd’hui, notre famille continue de cultiver la terre et de produire du lait avec passion et détermination. Sylvain est porteur d’une histoire riche et inspirante. Cette histoire familiale illustre non seulement l’évolution de la paysannerie française, mais aussi la capacité des familles rurales à se réinventer pour répondre aux enjeux contemporains tout en honorant notre patrimoine.
Ainsi, l’histoire de notre famille de paysans s’inscrit dans une continuité remarquable, démontrant que malgré les changements incessants, les valeurs de travail, de solidarité et de respect de la terre restent les fondements de leur succès et de leur pérennité.
Sylvain est la sixième génération de cette famille à travailler la même terre. De quelques ares, le domaine est passé à 240 hectares et le cheptel est passé d’une ou deux vaches à une centaine.
Le travail de six générations d’hommes et de femmes a nourri cette terre et l’a fait fructifier. Il me tenait à cœur aujourd’hui de vous raconter cette histoire en revenant à mes racines.
Au fond de moi il restera toujours cette petite fille qui courrait après les vaches ou tirait par la corde un petit veau sous les yeux attendris de mon grand-père. Tous ceux qui ont grandi à la campagne gardent cette nostalgie de la terre et l’admiration du travail bien fait.
Les paysans, par leur travail acharné et leur dévouement sans faille, nourrissent le monde avec courage et résilience. Ils méritent notre profonde gratitude et notre respect sincère… Chaque arbre généalogique trouve ses racines dans la terre.
Je conclurai donc cet article en vous laissant écouter une chanson que nous avions fredonné Il y a quelques années pour la retraite de nos parents. Gauvain Sers y rend un bel hommage aux travailleurs de la terre en évoquant la transmission de générations en générations https://www.youtube.com/watch?v=0RKLXvnXsGc
Paroles de la chanson Sur ton tracteur par Gauvain Sers (cliquez ici)
Pour cet article je voulais tout d’abord remercier Jean-Yves et Sylvain Bretel pour leur disponibilité. Merci d’avoir pris le temps pour répondre à mes (nombreuses) questions sur les politiques agricoles et pour les anecdotes familiales.
Un grand merci à Sylvain et Madeleine pour les photos d’illustrations.
Je voulais galement remercier Marcel et Maryvonne Bretel pour les photos de la petite maison.
Merci à Laurence Chantrelle et Ethel Guatto de Paris pour vos anecdotes sur un temps que je n’ai pas connu. Les quelques photos de la « maisonnette » me sont précieuses.
Merci à Eric Peters, propriétaire du château de Briord, d’avoir accepté de mettre à ma disposition des archives des Terres de Briord.
Je remercie également Gauvain Sers pour sa poésie et ses encouragements.
Et enfin un grand merci à Faustine Charpentier, ma fille, pour les heures passées à faire les frises qui illustrent magnifiquement les grands moments de la paysannerie française.
Je dédie cet article à ses six générations de paysans du Moulin. J’ai également une pensée pour toutes les générations qui les ont précédées. Elles ont fait par leur courage, leur travail et leur détermination les terres et l’agriculture que nous connaissons aujourd’hui.
- Désigne initialement dans le monde paysan (puis également citadin) un simple manœuvre ou manouvrier, c’est-à-dire un ouvrier manuel du lieu ou de la contrée, un habitant du pays ouvrier agricole éphémère que l’historiographie contemporaine mentionne communément en pauvre paysan louant sa force de travail. ↩︎
- Fay de Bretagne est une commune de l’Ouest de la France, située dans le département de la Loire-Atlantique, en région Pays de la Loire. Elle fait partie de la Bretagne historique, située en pays Nantais, un des pays traditionnels de Bretagne. Cette commune compte aujourd’hui 3568 habitants (recensement de 2015). ↩︎
- Moulin de Violaye ou Moulin de la Violaye, village à la sortie de Fay de Bretagne en direction de la commune d’Héric. Il a la particularité de posséder 2 moulins. ↩︎
- Orvault est une commune de l’Ouest de la France, située dans le département de la Loire-Atlantique, en région Pays de la Loire. Elle fait partie du Pays nantais en Bretagne historique. ↩︎
- Village de Fay de Bretagne ayant pour particularité un château. Ce château est aujourd’hui loué pour des séminaires. La demeure actuelle est du milieu du 19ème siècle et a été construite à quelque mètres de l’ancien château féodal de la Violaye. Du château restent un certain nombre de bâtiment et de vestiges : une chapelle, une grange fortifiée, un portail d’entrée, des fermes et des vergers, un four…, ainsi que le pigeonnier de la Violaye.
Le château féodal a probablement été édifié au moyen-âge. Il était rattaché au château de Blain, propriété de la famille de Rohan dont le seigneur de la Violaye était le vassal. ↩︎ - Le Compa, le musée de l’agriculture est un musée départemental situé à Mainvilliers en limite de Chartres, en France, mêlant sciences, histoires, techniques et arts. À travers 3 000 m² d’exposition, il présente une collection de machines agricoles des années 1800 à 1960 racontant le cycle des opérations agricoles. ↩︎
- Le château de Briord se situe sur la commune de Port-Saint-Père. Le propriétaire actuel, Eric Peters a créé le projet baptisé « Terre de BRIORD« , dont le château constitue un élément majeur. Il ambitionne de restituer l’âme des lieux et de ses occupants en proposant une véritable plongée dans l’art de vivre à la française aux 18ème et 19ème siècles. Vous pouvez trouver quelques articles sur ce sujet dans ce blog dont par exemple https://maggenealogie-arbresethistoires.com/emma-louise-le-fantome-des-coeurs-genealogie-voruz-etienne/ ou encore https://maggenealogie-arbresethistoires.com/jean-bouchard-un-pretre-dans-la-terreur/ ↩︎
- Saint-Joachim est une commune de l’Ouest de la France, située dans le département de la Loire-Atlantique, en région Pays de la Loire, au cœur du parc naturel régional de Brière. ↩︎
- Commune voisine de Fay de Bretagne. ↩︎
- Saint-Herblain est une commune située dans le département de la Loire-Atlantique, en région Pays de la Loire, en périphérie ouest de Nantes. Avec 49 537 habitants en 2021, il s’agit de la troisième commune du département par sa population et la seconde de Nantes Métropole après Nantes. ↩︎
- Commune voisine de Fay de Bretagne ↩︎
- Commune voisine de Fay de Bretagne ↩︎
- Les Postes, télégraphes et téléphones ou PTT, initialement appelés Postes et télégraphes, puis Postes, télégraphes et téléphones et enfin Postes et télécommunications à partir de 1959, étaient l’administration publique française responsable des postes et des télégraphes, puis des téléphones. ↩︎
- Charles de Gaulle, communément appelé le général de Gaulle ou parfois simplement le Général, né le 22 novembre 1890 à Lille (Nord) et mort le 9 novembre 1970 à Colombey-les-deux-Eglises (Haute-Marne), est un militaire, résistant, homme d’état et écrivain français. Il est fondateur de la France libre puis dirigeant du Comité français de libération nationale pendant la seconde guerre mondiale. Président du Gouvernement provisoire de la République française de 1944 à 1946. Président du conseil des ministres de 1958 à 1959, instigateur de la Cinquième République, fondée en 1958. Président de la République de 1959 à 1969, étant le premier à occuper la magistrature suprême sous ce régime. ↩︎
- Le traité instituant la Communauté économique européenne, aussi appelé traité de Rome, ou encore traité sur le fonctionnement de l’Union européenne est un traité signé le 25 mars 1957 à Rome entre six pays : Allemagne de l’Ouest, Belgique, France, Italie, Luxembourg et Pays-Bas. ↩︎
- Le plan Marshall, officiellement appelé « Programme de rétablissement européen » ou Foreign Assistance Act of 1948, est un programme américain de prêts accordés aux États d’Europe pour aider à la reconstruction des villes et des installations bombardées lors de la Seconde Guerre mondiale. Ces prêts sont assortis de la condition d’importer pour un montant équivalent d’équipements et de produits américains. ↩︎
- Edgard Pisani, né le 9 octobre 1918 à Tunis et mort le 20 juin 2016 à Paris, est un haut fonctionnaire et homme politique français. Ministre de l’agriculture dans les cabinets de Michel Debré en 1961 et 1962, et de Georges Pompidou de 1962 à 1966. Il joue un grand rôle dans la définition de la PAC de la CEE et est à l’origine de l’atomisation de l’Administration des Eaux et Forêts. ↩︎
- Saint-Étienne-de-Montluc est une commune de l’Ouest de la France, située dans le département de la Loire-Atlantique, en région Pays de la Loire, et faisant partie de la Bretagne historique située au sud du Massif armoricain, qui s’étend sur les rives de la Loire, à 40 km de l’océan Atlantique. ↩︎
- Lancée en 1962, la politique agricole commune (PAC) de l’UE est un partenariat entre l’agriculture et la société et entre l’Europe et ses agriculteurs. Ses objectifs sont les suivants:
soutenir les agriculteurs et améliorer la productivité agricole, en garantissant un approvisionnement stable en denrées alimentaires à un prix abordable;
assurer un niveau de vie décent aux agriculteurs de l’Union européenne;
contribuer à lutter contre le changement climatique et gérer les ressources naturelles de manière durable;
préserver les zones rurales et les paysages dans l’ensemble de l’UE;
préserver l’économie rurale en promouvant l’emploi dans l’agriculture, l’industrie agroalimentaire et les secteurs associés.
La PAC est une politique commune à tous les pays de l’UE. Elle est gérée et financée au niveau européen grâce aux ressources du budget de l’UE. ↩︎ - Un ticket de rationnement est un bon émis par un gouvernement pour permettre au titulaire d’obtenir de la nourriture ou d’autres denrées qui sont rares en temps de guerre ou dans d’autres situations d’urgence où un rationnement est en vigueur. ↩︎
- Une centrale d’achats est une organisation ayant pour objet de regrouper les commandes d’un ensemble de membres. La structure offre à l’ensemble de ses membres de meilleures conditions d’achat et des services de promotion. ↩︎
- L’exploitation agricole à responsabilité limitée est un statut d’entreprise spécialisée dans l’exploitation agricole de droit français. Cette entreprise à responsabilité limitée se crée avec un capital minimum de 7 500 € et entre 1 et 10 associés. En 2000, il en existait 55 925 en France. ↩︎
- Sensible à la priorité de l’époque de l’après-guerre qui est de nourrir le pays (qui subit encore le rationnement), la JAC se mobilise pour l’augmentation de la production agricole française. Elle mise alors sur les nouvelles techniques de production (la mécanisation, les engrais et autres progrès).
La JAC permet aussi aux agriculteurs d’organiser la profession et ce par les organismes de gestion, coopératives, mutuelles et syndicats agricoles… . Les jeunes paysans prennent alors de grandes responsabilités et en 1960 l’écrasante majorité des responsables agricoles français et des élus ruraux est issue de la JAC. en 1965, la JAC se fond dans le MRJC (mouvement rural de jeunesse chrétienne) qui voit le jour. ↩︎ - La Grande Dépression ou « crise économique des années 1930 », dite encore « crise de 29 », est une longue phase de crise économique et de récession qui frappe l’économie mondiale à partir du krach boursier américain de 1929 jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. ↩︎
- La crise de la vache folle est une crise sanitaire devenue socio-économique caractérisée par l’effondrement de la consommation de viande bovine dans les années 1990, car les consommateurs se sont inquiétés de la transmission de l’encéphalopathie spongiforme bovine à l’homme via l’ingestion de ce type de viande. ↩︎
- La grippe aviaire, également connue sous le nom d’influenza aviaire ou anciennement de peste aviaire, provoquée par des souches A du virus grippal, est une maladie infectieuse affectant les oiseaux et pouvant se transmettre à l’homme. ↩︎
- Derval est une commune de l’Ouest de la France, située dans le département de la Loire-Atlantique, en région Pays de la Loire. Derval fait partie de la Bretagne historique, en Pays nantais. ↩︎
- Le groupement agricole d’exploitation en commun, communément appelé GAEC est, en France, « une forme de société civile agricole d’un type particulier ». Ce sont des sociétés civiles de personnes. Ce groupement est principalement régi par les articles L 323-1 et suivant du Code rural et de la pêche maritime. ↩︎
C’est un beau travail que vous avez réalisé là. Félicitations.
Merci Dominique, ce projet me tenais à coeur. Bonne journée.
Bravo Magali !!! Super 👏👏👏 Ta famille mérite bien d’être mise à l’honneur !
je vais garder cet exposé pour les enfants
Bisous ma cousine 😘
Merci Monique, je suis contente que ça te plaise, c’est l’origine des Deniaud, c’est votre héritage aussi.
Wouah Magali !!! 👏 Quel beau travail !!❤️ C’est excellent..! J’ai à nouveau pris grand plaisir à te lire et bravo à toi d’avoir mis à l’honneur ce merveilleux métier « d’agriculteur, de fermier, de laboureur, d’éleveur… » au travers de ton histoire personnelle, de ta famille et de tes ancêtres…
Tous doivent être très fiers de toi, en particulier ceux qui ne sont plus là aujourd’hui.. mais qui, de là-haut✨🕊️, veillent sur toi…🙏🏼
Merci Stéphanie, tes mots me touchent beaucoup. C’est vrai qu’ils méritent tous d’être mis à l’honneur ✨
Merci Magali Tres beau recit qui rend hommage à ces hommes et femmes « DE LA TERRE » Dans ce recit je retrouve les differents plaisirs partagés avec les miens lorsque j étais à la ferme des grands parents ou de mon oncle. MERCI;
Merci Pascal, c’est pour ça que je l’ai écrit, ça nous rappelle des souvenirs à tous. Bel été et à bientôt.
Wahou ! Merci Magali pour cet article. Cet article mêle parfaitement l’histoire de l’agriculture et l’histoire de ta famille.
Cette histoire m’est familière, pour avoir passé mon enfance dans la ferme de mon oncle, assisté à la traite, allé voir les veaux, joué à cache-cache dans le maïs (avant l’ensilage bien sûr 😂), joué dans la paille …
Merci Noëline, je vois qu’on a les mêmes souvenirs dans le maïs et les bottes de pailles 😂, sans compter les coiffures à faire aux poupées de maïs… Bel été à toi 🌞
Moi qui n’ai plus de racines dans la terre depuis la Révolution française au moins, et n’ai découvert le travail agricole qu’au travers de quelques vacances d’été à la ferme (et encore, venant de la ville, je me contentais d’en apprécier les produits et en particulier, les faisselles…), j’ai beaucoup aimé le récit que tu fais de l’Histoire de ta famille. Je suis sûr qu’en la diffusant, tu donnerais envie à des tas de gens, aujourd’hui citadins, de se plonger dans leurs vraies racines. Pas besoin d’aller à la quête d’un Roi ! Bel été à toi aussi !
Merci Régis, c’est vraiment rare quelqu’un qui n’a plus de racines dans la terre depuis la révolution mais c’est vrai que ta famille est pleine de destins incroyables. J’ai hâte de connaître les autres 😀
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