Pour ce mois d’octobre, mois d’Halloween, j’aurais pu vous parler de monstres, de bonbons, de citrouilles ou encore de déguisements… Dans un autre ordre d’idée, j’ai choisi de vous parler d’un fantôme, plus particulièrement d’une jolie fantôme. Je vais vous faire ici la généalogie D’Emma Louise Voruz Étienne.
Emma-Louise hante la tête et le cœur de centaines de personnes depuis la fin du XIXème siècle, voici son histoire.
Généalogie d’Emma-Louise Voruz
Emma-Louise est née le 14 septembre 1836 à Nantes dans la famille Voruz.
A ce propos, la famille Voruz est une riche famille d’industriels nantais, spécialisés dans la fonderie. De ce fait, on peut encore découvrir aujourd’hui de nombreuses œuvres qui portent leurs signatures.
Pour établir sa généalogie, commençons par découvrir l’enfance d’Emma-Louise Voruz. dans l’ensemble, elle a vécu une enfance heureuse et aisée. Comme beaucoup de jeunes filles de bonne famille de l’époque, elle vivait de ses passions ainsi, en dehors de ses études, elle se passionnait pour l’art. Ainsi donc, j’ai pu découvrir qu’elle excellait dans l’art du dessin et la musique. Voici un portrait de son père qu’elle a réalisé. On peut également découvrir une partition annotée par son professeur de musique qui ne tarie pas d’éloge sur son talent.
La vie débutait bien pour Emma Louise, elle vivait heureuse entourée de sa famille et de l’affection des siens.
Emma-Louise épouse et mère épanouie
Quelques années plus tard, elle rencontre Gustave Mathurin Étienne, négociant à Nantes. Ce jeune homme vit encore avec sa mère veuve. Gustave tombe tout de suite sous le charme d’Emma-Louise.
On aurait pu dire « ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants » malheureusement, le destin en décide autrement. Emma-Louise et Gustave se marient le 1er mai 1867 à Nantes entourés de leurs proches. En 1870, elle donne naissance à leur premier enfant, prénommé Jean-Baptiste comme son grand-père paternel déjà disparu. Pour autant, ce bébé qui était tout pour elle, ne connaitra pas bien longtemps sa maman.
Emma-Louise le fantôme des coeurs
En effet, un an plus tard Emma-Louise décède subitement. Elle laisse un fils, un mari, un père… tous inconsolables. La peine de Gustave est à la force de son amour pour son épouse car deux ans après sa femme, il se laisse mourir de chagrin.
Cela commence dès le lendemain de la mort de sa femme où Gustave confie son fils à son grand-père maternel.
Un mois plus tard un jugement est délivré à la suite d’un conseil de famille. Il fait de Jean Simon Voruz le tuteur légal du petit Jean-Baptiste.
Quelques mois plus tard un autre jugement, liquide la société Étienne géré par Gustave et son frère Émile, pour donner suite au passage de Gustave devant un comité de médecins. Ces derniers le diagnostique ainsi : « le sujet Gustave Étienne souffre de démence avec paralysie générale progressive irrémédiable ».
Émile devient donc le tuteur de son frère Gustave. Celui-ci est dans un tel état que sa mère ne peut seule prendre soin de cet homme complètement dévasté. Le conseil de famille lui alloue donc la présence d’un garde malade qui va s’occuper de lui pendant les deux dernières années de sa vie.
« Le vrai tombeau des morts, c’est le cœur des vivants »
Jean Cocteau
Emma-Louise le fantôme de nos coeurs
Le petit Jean-Baptiste se retrouve donc orphelin de mère comme de père dès l’âge de 3 ans. Il est élevé par son grand-père maternel et sa tante. Jean-Simon Voruz est chargé de veiller aux affaires du petit jusqu’à sa majorité. Ce nouveau statut de tuteur va le conduire à faire différents investissements pour assurer la prospérité des biens de son petit-fils.
A cette fin, il achète une « folie nantaise » sur laquelle il avait déjà des vues suite aux déboires financiers de son propriétaire. Elle est située sur la commune de Port Saint Père, commune de Loire-Atlantique (Loire-Inférieure à l’époque). Il s’agit du château de Briord.
Ce grand-père qui idolâtrait sa fille Emma-Louise, inculque ce sentiment à son petit-fils et fait de cette belle demeure datant de 1770, un mausolée à la mémoire d’Emma-Louise. Dès l’entrée du château, son portrait orne la voute au-dessus de la porte.
Ma rencontre avec Emma-Louise
Ceci pourra faire le sujet d’un nouvel article tellement j’aurais de chose à raconter, mais je vais brièvement vous raconter ma rencontre avec Emma-Louise.
Il y a un peu plus d’un an, à la suite d’un article dans la presse, j’ai appris qu’une personne avait racheté un château près de chez moi. Son projet est de « restituer l’âme des lieux et de ses occupants en proposant une véritable plongée dans l’art de vivre à la française aux 18ème et 19ème siècles ». Ma curiosité en est piquée. J’ai suivi alors le lien vers une page sur un célèbre réseau social où j’ai pu découvrir le projet, les bénévoles, le château et son domaine…. Après avoir trouvé la solution à une énigme sur cette page, le propriétaire m’offre la chance de visiter le domaine de Briord. Après 4 heures de visites, et la découverte de toute l’histoire du château et de son village, j’ai fait à mon tour la rencontre d’Emma-Louise.
Les terres de Briord… la mémoire d’Emma-Louise
En effet le nouveau propriétaire, Éric Peters, séduit par son histoire tragique sait faire partager aux visiteurs l’histoire de cette jeune femme partie trop tôt. En effet, son âme hante chaque partie du château sans qu’elle n’y ait jamais posé un pied. Elle est présente dans les cahiers de collégien de Gustave, sur un tableau qui trône dans le bureau, sur le visage d’une statue à l’extérieur… Cependant, c’est dans l’histoire que partage tous les mois les bénévoles qui font visiter le domaine qu’elle est la plus présente. Je suis fière de faire partie de ces bénévoles qui œuvrent, entre travaux de toutes sortes, visites et entretien, à faire partager l’histoire de cette jeune femme dont le souvenir s’imprime à l’esprit de tous ceux qui l’ont croisée ou qui découvrent son histoire.
Emma-Louise dans le cœur de Jean-Baptiste
Peut-on savoir si c’est lié? mais son fils Jean-Baptiste qui idolâtrait sa mère, ne s’est jamais marié. Peut-on penser qu’aucune femme n’arrivait à la hauteur de cette image qui a été présente à ses côtés toute sa vie? Nous ne le saurons malheureusement jamais.
La lignée d’Emma-Louise s’est arrêté à la mort de son fils qui n’a jamais eu d’héritier. C’est ainsi que s’achève la généalogie d’Emma-Louise Voruz Étienne, suite au décès de Jean-Baptiste. Comment pouvait-elle imaginer que 150 ans après sa mort, des bénévoles raconteraient sa vie et son histoire? Ce lieu dédié à sa mémoire ouvre tous les mois ses portes à ceux qui voudraient connaître son histoire.
Si vous souhaitez à votre tour rencontrer Emma-Louise, Jean-Baptiste et tous leurs prédécesseurs. Dès votre entrée sur les terres de Briord https://terredebriord.fr/ , ce gentil fantôme et sa triste histoire vous hanteront pendant longtemps.
« Il y a quelque chose de plus fort que la mort, c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants »
Jean D’Ormesson
La rédaction de cet article, avec l’utilisation des photos ou archives privées, a été possible grâce à l’aimable autorisation d’Eric Peters propriétaire du château de Briord
Très belle histoire et une bien jolie fantôme 😉
Juste une petite remarque : il est dommage que l’on ne puisse pas agrandir les images et notamment les actes qui, du coup, ne sont pas lisibles.
Merci Olivier pour ce commentaire et ce conseil. Je viens de faire le changement et on peut maintenant agrandir les images. Merci 😃
Greetings! Very useful advice within this post! It’s the little
changes which will make the greatest changes.
Thanks for sharing!
thankyou very much for your comment. You are welcome if you wish to visit the castle, the volunteers will be happy to help you discover its history
Emma-Louise fait un magnifique fantôme. Cet article est un bel hommage 🙂
Merci Noëline 😊
Jolie histoire, joli château, jolie fantôme 🙂
Bravo pour l’article, mais aussi pour l’engagement bénévole pour l’histoire locale!
Attention, petite coquille dans le paragraphe commençant par « Pour établir sa généalogie », le mot « on » est de trop.
Merci David, j’ai fait la correction, on a beau lire et relire on arrive toujours à laisser une coquille 😁
Article très émouvant, très bien documenté et illustré.
Félicitations Magali, ton histoire est un vibrant hommage à Emma-Louise, comme tu le dis que nous avons tous coeur à d’évoquer lors des visites de la Terre de Briord,
Ton blog est passionnant, bravo encore pour ce beau travail de mémoire
Amitiés
Valérie
Merci Valérie pour tes encouragements, ça fait plaisir d’être soutenue comme ça par une belle équipe 😀
Merci Magali
Emma-Louise …
Tellement absente et pourtant si présente dans mon coeur …
Dans quelques jours, avant Noël de cette année en tous cas, comme promis, 2 merveilleux pianos Erard venus du siècle d’Emma, l’un droit, l’autre à queue, rejoindront Briord pour qu’enfin résonne, les jolies pièces que son professeur de musique, secrètement amoureux, avait spécialement composé pour elle …
et dédicacé … « A sa très sympathique Emma, trop petite preuve de mon affection pour elle »
Le 19ème siècle, le siècle de l’élégance et des grands romantiques …
Bravo pour ton superbe travail !
Tous les Volontaires de Charette t’encouragent
Eric
Merci Eric, tout le monde tombe sous le charme d’Emma-Louise, même 150 après sa mort. J’ai hâte de voir les pianos, ça donne envie de se mettre à la musique 🎵. Le fantôme d’Emma-Louise sera encore là pour beaucoup de générations à venir. Les bénévoles y veilleront !!!
Merci Magali pour ce bel hommage à notre Emma Louise.
C’est génial ce que tu as fait.
Bravo à toi.
Clem
Merci Clémence pour tes encouragements, ça fait vraiment plaisir. Pourquoi pas bientôt un article sur les bénévoles de Briord et cette folle aventure 😀
Bravo et merci pour tout ce travail Magalie ! C’est passionnant et ça donne envie d’en apprendre encore plus sur Briord mais pas que😉🥰
Merci Anaïs, à bientôt à Briord 😉
Tout le monde tombe sous le charme d’Emma et de son histoire si bien comptée, Magali.
Continue à nous charmer.
DomDom
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Merci Dom pour tous ces compliments qui m’encouragent à continuer. A bientôt.
Magnifique! On reste sous le charme d’Emma Louise jusqu’à la derniere ligne. Ton blog est envoutant comme les Terres de BRIORD Merci Magali
Merci Pascal, tu viens de me faire le plus beau compliment qui soit 😀
Le nom voruz est malheureusement un peu oublié à Nantes. Tant de nantais foulant les escaliers du passage pommeray ignorent les belles pièces de fonderie
Bravo et merci, on ne se lasse pas de lire les récits sur Emma Louise et bon courage.
Merci Magali de nous faire connaître la vie d’Emma Louise. Je ne me lasse pas de connaître, par l’intermédiaire de Briord, le riche passé de notre belle région.
Excellent article! We are linking to this particularly great
article on our site. Keep up the good writing.
Bravo Magali, ton récit est très intéressant ; puis-je me permettre de te demander quelques lignes sur la vie de la mère d’Emma-Louise.
À bientôt
Bonjour Yveline,
Merci beaucoup pour ton commentaire.
La maman d’Emma Louise s’appelait Eudoxie Louise Augustine Thibaud.
Elle est née le 10 janvier 1815 à Nantes et est décédée le 2 décembre 1880 dans cette ville, à l’âge de 65 ans.
Elle s’est mariée avec Jean-Simon Voruz le 23 décembre 1833 à Nantes (mariage civil).
Ensemble ils auront 5 enfants :
Armeline Eudoxie (1835 – 1835)
Emma Louise Léontine (1836 – 1871)
Antony (1838 – 1882)
Alfred Fernand Ludovic (1844 – 1909)
Berthe (1849 – 1940)
Il y a très peu de chose sur sa vie. Comme toutes les épouses de cette époque, elle était une mère de famille sans histoire.
A bientôt à Briord 😀
Merci Magali et bonne journée.
Excellent travail Magali !!👏 Bravo, c’est vraiment passionnant 🥰
Merci Stéphanie pour tes messages d’encouragements 😘
Merci pour ces informations. Je possède une petite gravure carte de vœux de Élise Voruz datée de 1906. Le musée de Nantes possède 17 de ses gravures. Cette artiste (1844-1909) s’inscrit dans la mouvance de Barbizon. Savez vous s’il existe un lien de famille entre Emma et Élise ? J’imagine que oui étant donné qu’ Elise est née à Lausanne et que la famille Voruz de Nantes est originaire de Suisse.
Bonjour Bernadette, j’ai effectué des recherches au sujet d’Emma-Louise et Élise et en effet elles sont parentes. Leurs grands-pères (Jean-Abraham et Jean-Samuel) étaient frères. J’ai vu des œuvres d’Élise sur internet et c’est vraiment magnifique, merci de me l’avoir fait connaître.