You are currently viewing Les Klarsfeld : Un Engagement Héroïque pour la Justice et la Mémoire

Les Klarsfeld : Un Engagement Héroïque pour la Justice et la Mémoire

Pour le 14 février, fête de l’amour, je voulais mettre à l’honneur un couple. Tout de suite, une image s’est imposée à moi, Beate et Serge Klarsfeld. Pour moi, le couple Klarsfeld incarne un symbole puissant d’amour, de détermination, d’engagement et de courage dans la lutte pour la justice et la mémoire. Serge et Beate Klarsfeld ont consacré leur vie à traquer les criminels nazis et à combattre l’impunité des responsables de crimes contre l’humanité. Leur histoire reflète non seulement leur engagement personnel, mais aussi l’importance de la mémoire collective dans la construction d’un avenir plus juste et plus tolérant.

Généalogie de Serge et Beate Klarsfeld

Serge Klarsfeld

Une famille cosmopolite

Tout commence pour Serge Klarsfeld par la rencontre de ses parents à Paris. En effet, ces deux jeunes gens se croisent dans un dancing à la fin des années 20. Arno, son père, est un fils d’armateur roumain tandis que Raïssa, sa mère, est la fille d’un pharmacien de Bessarabie1. C’est ainsi qu’ils se marient à Paris dans le 5ème arrondissement le 2 février 1929.

Acte de mariage Arno et Raïssa Klarsfeld
Acte de mariage d’Arno et Raïssa Klarsfeld (source AM de Paris)
Arno et Raïssa voyage de noces
Arno et Raïssa en voyage de noces (source ffdjf)

De cette union nait deux enfants, tout d’abord Georgette en 1931 née à Paris et Serge en 1935 à Bucarest où ses parents avaient décidé de retourner avant de finalement revenir en France à la suite des pogroms2 qui commençaient à persécuter les juifs des pays de l’est à cette époque-là.

Serge passe donc sa première année en Bessarabie.

Ensuite, de retour en France, la famille Klarsfeld connait quelques années heureuses. Les rumeurs de guerre grondent à travers l’Europe. On en apprend un peu sur un certain Hitler qui persécute les juifs de l’autre côté de la frontière. Comme tous les juifs français, la famille Klarsfeld se pense en sécurité dans le pays des droits de l’homme. En effet, tous se disent que « la France protègera ses enfants ». Quand la guerre se déclare, Arno s’engage volontairement parmi les combattants de l’armée française et part se battre. La Wehrmacht le fait prisonnier.

La famille Klarsfeld pendant la guerre : Nice

carte France occupée pendant la guerre
Carte de découpage de la France à partir de 1940 (source personnelle)

Pendant ce temps-là, Raïssa et les enfants sont partis en zone libre pour plus de sécurité. Un an après, Arno réussit à s’évader et part les rejoindre à Nice. Plusieurs familles juives sont réfugiées dans cette région. Cette zone est relativement protégée par les militaires et les diplomates italiens. Ces derniers étaient philosémites (ils protégeaient les juifs contre les allemands, le gouvernement de Vichy et même Mussolini). Il y a, par exemple, dans l’école que fréquente Serge et Georgette, les filles Jacob dont Simone qui sera connu plus tard sous le nom de Simone Veil3. A cette époque, pour faire vivre sa famille, Arno trouve un emploi au « casino de la Méditerranée ». Cet établissement est devenu tristement célèbre 30 ans plus tard avec l’affaire Agnès Le Roux4.

En septembre 1943, les allemands envahissent la zone italienne. Les italiens sont chassés et les rafles commencent comme il y en a eu en zone occupée depuis 1942 (la plus connue étant la rafle du Vél’d’Hiv5 en juillet 1942).

L’Arrestation

Famille Klarsfeld Nice 1942 avant l'arrestation
Famille Klarsfeld Nice 1942 (Source « Mémoires » de B et S Klarsfeld)

Arno comprenant alors le danger, décide de construire une fausse cloison dans le placard de leur appartement. La famille pourra ainsi s’y cacher en cas de rafle. A peine 3 semaines après, les allemands sont arrivés une nuit pour arrêter tous les habitants juifs de l’immeuble. Des voisins les ont probablement dénoncés.  Le scénario était bien rôdé et la famille avait fait plusieurs répétitions pour ne pas perdre de temps. Ainsi, quand les soldats ont commencé à envahir l’immeuble, Raïssa, Georgette et Serge sont rentrés dans la cachette. Elle s’ouvrait par le bas du placard. Arno est resté dehors en leur expliquant que lui, s’il était seul, arriverait à s’en sortir. Une femme et des enfants n’auraient aucune chance.

Les soldats arrivent, cognent contre la porte. La famille est recroquevillée, tremblante de peur, dans l’abri, leurs mains sur la bouche pour ne pas faire de bruit. Arno va ouvrir et dit qu’il est seul. « Ma famille est partie à la campagne car l’appartement a subi une désinfection. C’était dangereux pour les enfants » leur explique-t-il. Les allemands ont fouillé l’appartement sans rien trouver. Juste avant de sortir, Arno se rend compte que c’est sa femme qui a les clés dans sa poche. En effet, ça pourrait paraître suspect s’il ne ferme pas en partant. Il retourne donc vers le placard, il chuchote à sa femme de lui donner les clés. Raïssa glisse sa main sous la fausse cloison et tend les clés à Arno. Ce dernier lui embrasse la main en guise d’au revoir, il prend les clés et disparait.

La famille reste cachée toute la nuit au cas où des allemands reviendraient les arrêter. Un soldat peut être resté en bas à surveiller. Le lendemain matin, un voisin sort voir dans la rue si la route est libre. Rassurés, ils quittent à jamais cet appartement. Commencent alors pour la famille des mois d’errances dans les rues de Nice, pour ne pas se faire arrêter. De cachettes en cachettes, la famille arrive à survivre. Ils passent leurs journées dans les églises pour éviter les contrôles. A bout de fatigue après 3 mois d’errance, Raïssa décide de retourner à leur appartement. Celui-ci est toujours libre. Elle explique aux enfants qu’en cas de rafle, ils referaient comme la première fois. Cependant, cette fois-ci, c’est elle qui resterait dehors. Heureusement aucune rafle n’a eu lieu.

La famille Klarsfeld pendant la guerre : La Haute Loire

En février 1944, la famille parvient à quitter Nice pour la Haute-Loire à Saint-Julien-Chapteuil. Dans cette région, la population cache plusieurs familles. Un commandant allemand, qui s’occupe uniquement de l’aspect militaire, dirige la section locale. Il n’y a pas de police allemande (Gestapo6). Cet homme assure l’aspect militaire de sa tâche mais ne s’intéresse pas à la question juive. Que ce soit par manque d’intérêt ou par humanité, il n’organisera pas de rafle. Ainsi, il n’y aura pas de recherches actives sur d’éventuels juifs cachés dans sa zone. Même l’administration française ne fera pas de zèle en notant juste sur leur fiche « réfugiés ». L’issue de la guerre commençait à poindre. Le débarquement allié, puis la libération de Paris allaient bientôt arriver.

La famille Klarsfeld après la guerre

A la libération en 1945, la famille repart à Paris attendre le retour d’Arno. Malheureusement, ce-dernier ne reviendra jamais, il est mort à Auschwitz7 en août 44 dans la mine de Fürstengrube où il fut envoyé en représailles à la suite d’un coup asséné à un kapo. Raïssa décide donc en 1946 de retourner en Roumanie auprès de sa famille. A part Georgette qui est née en France, ils sont de nationalité roumaine et sa famille restée là-bas est suffisamment aisée pour assurer leur subsistance.

Malheureusement, l’histoire les rattrape car quelques mois après leur arrivée, les communistes arrivent au pouvoir. Raïssa ne peut supporter une autre dictature et décide de repartir vers la France avec ses enfants. Les années qui suivirent furent assez difficiles car elle avait abandonnée ses études de pharmacie en se mariant et doit donc faire des ménages et des petits travaux pour nourrir sa famille et leur payer leurs études. Ce sacrifice portera ses fruits, après être devenue institutrice, Georgette obtiendra l’agrégation de Russe et Serge passera un DES d’histoire, et le diplôme de sciences politiques.

Beate Künzel

La famille Künzel pendant la guerre

Beate, est née le 13 février 1939, de l’autre côté de la frontière, en Allemagne. Elle grandit dans une famille modeste. Une société d’assurances emploie Kurt Künzel, son père, et sa mère Hélène fait des ménages. Ils sont de confession évangélique luthérienne.

Kurt Künzel en soldat pendant la guerre
Père de Beate en soldat (source Mémoires de B et S Klarsfeld)
Beate Künzel et sa mère pendant la guerre
Beate et sa mère vers 1943 (source Mémoires de B et S Klarsfeld)

Juste après la naissance de Beate, Kurt est, comme tous les hommes allemands de cette époque, appelé à intégrer la Wehrmacht8. Il n’a pas adhéré au parti nazi mais il est obligé de se battre pour son pays. Après un passage par la Belgique, l’armée l’envoie sur le front russe. En Russie, il contracte une double pneumonie qui le fait rapatrier en Allemagne pour se faire soigner. Kurt survivra donc au combat et se retrouve à la fin de la guerre dans une Allemagne détruite et ruinée auprès de sa famille. Il a la chance de n’être ni blessé, ni emprisonné comme beaucoup d’autres soldats. Il trouve à la sortie de la guerre un emploi au greffe de Spandau pour faire vivre sa famille.

La famille Künzel après la guerre

Allemagne détruite après la guerre
Ville allemande bombardée (source personnelle)

Beate grandit dans les ruines de la ville, jouant comme la plupart des enfants dans les gravas des immeubles détruits par les bombardements alliés. Elle ne se rend pas compte, comme tous les enfants de l’époque, du drame qui s’est déroulé en Allemagne depuis plus d’une décennie. A l’époque, les livrets scolaires avaient délibérément effacé l’histoire peu glorieuse du nazisme, des persécutions et surtout de l’holocauste.

A la fin de l’adolescence, Beate étouffe dans cette vie qui ne pourrait la conduire qu’à ce que les allemands appellent le KKK (Kinder, Küche, Kirche… en français on peut traduire par enfant, cuisine et église). Elle décide de quitter son destin de femme au foyer bien rangée pour partir comme jeune fille au pair. Au début, elle voulait aller en Angleterre mais une amie allait à Paris alors ce sera la France contre l’avis de son père qui pense que l’occident représente la perdition pour sa fille.

Serge et Beate la rencontre

Une rencontre franco-allemande

Le 13 mai 1960, deux jeunes gens se rencontrent à un arrêt de bus à Paris. Le jeune homme engage la conversation et lui demande si elle est anglaise. Tout naturellement, elle répond qu’elle est allemande. Beate comme toute la génération qui a suivi le nazisme ne connaît que ce que l’Allemagne veut bien dire. Là-bas, on est plus dans l’oubli que dans la réparation. Toutes les familles ont leur mouton(s) noir(s) et il serait malvenu de poser trop de question.

Il s’est passé 15 ans depuis la fin de la guerre, pour une jeune femme de 21 ans c’est toute une vie. Beate ne connait rien de plus que « les allemands ont perdu la guerre contre les alliés et le grand Reich n’existe plus ».

Serge et Beate vont se revoir mais un jour, il lui dit que ça ne va pas être possible entre eux car il est juif. Beate ne comprend pas. En quoi cela pose-t-il un problème ?

Une prise de conscience sur l’histoire

Serge raconte alors à Beate toute l’histoire de la guerre, des persécutions, les traques, sa vie d’enfant caché, la mort de son père à Auschwitz… Elle en est horrifiée. Il lui montre les photos des camps, des tueries, des ghettos… c’est insupportable pour une jeune femme de découvrir les atrocités commises par son pays.

Serge et Beate Klarsfeld mariage
Beate et Serge en mariés (source ffdjf)

Malgré leur différences, les deux jeunes gens tombent amoureux. Ils se marient à Paris le 7 novembre 1963. Le jeune couple accueille un enfant, Arno prénommé comme son grand-père, en 1965. Quelques années plus tard, en 1973, une fille, Lida, voit le jour.

Beate est alors secrétaire à l’office franco-allemand pour la jeunesse et Serge administrateur à l’ORTF9. Ainsi, son travail lui permettra de voyager dans les pays de l’Est surtout en URSS pour une co-production franco-soviétique. Il démissionne de l’ORTF pour travailler en 1966 comme assistant de direction à la Continental Grains. Ce poste le fait également voyager à l’Est de l’Europe ce qui lui permet de garder un lien avec sa famille restée de l’autre côté du rideau de fer.

La seule chose qui permet au mal de triompher est l’inaction des hommes de bien

Edmund Burke

Le début du combat des Klarsfeld

En décembre 1966, leur vie va alors basculer dans un combat qu’ils mènent toujours aujourd’hui.

Beate contre Kiesinger

A cette date, un certain Kurt Georg Kiesinger10 devient chancelier de la RFA11. Beate découvre qu’il a intégré le parti nazi dès 1933. Il deviendra par la suite directeur adjoint de la propagande radiophonique extérieure du Reich. Pour Beate, ce haut fonctionnaire nazi ne peut donc pas diriger la RFA, c’est une certitude. Elle écrit alors plusieurs articles qui paraissent dans le journal « combat ». Au bout de 3 articles elle est renvoyée de l’OFAJ car elle nuit à l’entente franco-allemande. Le couple en sera bouleversé, à tel point qu’ils décident de passer à l’acte, ils n’ont plus rien à perdre.

Beate Klarsfeld contre Kiesinger
Beate interpellant Kiesinger (source Ouest-France)

Début 1968, Beate réussit à interrompre une allocution du chancelier en criant « KIESINGER NAZI,  DÉMISSIONNE!!! ». Cet incident fera grand bruit, surtout quand Beate sera empoignée et évacuée de force devant toute la presse.

A la suite de cet esclandre, le couple constituera un dossier à charge contre l’ancien nazi avec tous ses faits d’armes de 1933 à 1945. Beate les fera distribuer à la jeunesse allemande dans les universités en particulier.

La gifle

Beate Klarsfeld  la gifle contre Kiesinger
Beate gifle Kiesinger (source Mémoires de B et S Klarsfeld)

Pour apporter encore plus la lumière à leur action, Beate annonce qu’elle giflera le chancelier. Elle tiendra parole et le 7 novembre 1968, elle arrive à entrer au congrès de la CDU. Là, par une ruse, elle passe derrière le chancelier au niveau de l’estrade. Elle l’apostrophe en arrivant à sa hauteur et quand il se retourne elle le gifle devant tout son parti ainsi que la presse qui était là.

Beate a fait cette action au péril de sa vie car les gardes présents sur place pouvaient croire à un attentat et lui tirer dessus à tout moment. Elle sera condamnée par un rapide procès à un an de prison ferme mais par un plan élaboré avec Serge avant son geste, elle explique que par son mariage elle est citoyenne française et que la cour allemande n’a pas à la juger.

« Je rappelle au juge ma double nationalité et je lui conseille de ne pas me jeter en prison. Une heure plus tard, je suis libre… Une semaine après, je me rends à Bruxelles pour faire campagne contre Kiesinger qui doit parler devant les dirigeants de l’OTAN. Quand il prend la parole, les insultes pleuvent, l’obligeant à se taire. Sa carrière politique est ébranlée. En 1969, c’est Willy Brandt, un ancien résistant, qui devient chancelier. Il m’amnistie aussitôt. Aujourd’hui, la photo de la gifle se trouve au musée de l’Histoire allemande. 

B Klarsfeld déclaration à Paris Match

Cette action et la victoire de Willy Brandt, ancien résistant allemand, marquera le début de leur combat.

Les combats

Ainsi, ce combat va les mener dans tous les coins du monde des pays de l’Est à l’Amérique du Sud surtout. Ils ont traqué les nazis et les collaborateurs français pour les faire juger. Je vous invite à découvrir ici une partie de leurs traques pendant des dizaines d’années.

  • Français collaborateurs :
  • Jean Leguay (inculpé de crimes contre l’humanité en 1979 pour sa participation à l’organisation de la rafle du Vél’d’Hiv – décédé avant son procès).
  • René Bousquet (Haut fonctionnaire – directeur de la police sous Vichy – Accusé de crimes contre l’humanité pour sa participation à la rafle du Vél’d’Hiv et à d’autres rafles en 42 dans la zone sud – assassiné le 8 juin 1993 par Christian Didier).
  • Paul Touvier (Haut fonctionnaire du régime de Vichy – condamné à mort en 1946 et 1947 pour de nombreux crimes en tant que chef de la milice lyonnaise – gracié par Pompidou en 1971 – arrêté en 1989, il sera le 1er condamné français pour crimes contre l’humanité à la perpétuité – mort le 17 juillet 1996 en prison de maladie).
  • Maurice Papon (secrétaire général de la préfecture de Gironde entre 1942 et 1944 – condamné pour complicité de crimes contre l’humanité en 1998 à 10 ans de prison pour avoir déportés des juifs dans la région bordelaise quand il y était en fonction – libéré le 18 septembre 2002 pour raison de santé il décèdera le 17 février 2007).
  • Xavier Vallat (commissaire général aux questions juives en 1941-42 – décédé le 8 janvier 1972 sans être condamné – B et S Klarsfeld suivront le cortège funéraire une étoile jaune cousue sur leurs vestes pour dénoncer ses actes antisémites).

De haut en bas et de gauche à droite : Aloïs Brunner / Herbert Hagen / Ernst Heinrichsohn / Klaus Barbie / Kurt Waldheim / Maurice Papon / Josef Mengele / René Bousquet / Walter Rauff

  • Criminels Nazis :
  • Klaus Barbie (le boucher de Lyon – chef de la section IV de la Gestapo de Lyon – responsable de la déportations des juifs de la région dont « les enfants d’Izieu12 » – responsable de l’arrestation et de la torture de Jean Moulin – après sa fuite en Amérique du Sud, retrouvé par les Klarsfeld et extradé – condamné à perpétuité pour crimes contre l’humanité le 4 juillet 1987 – décédé en prison le 25 septembre 1991).
  • Ernst Achenbach (membre du parti nazi – diplomate en France avant et pendant la 2nde GM – commissaire à la commission européenne après la guerre – sa nomination fut annulée après la diffusion d’un télégramme signé de sa main et datée du 15 février 1943 qui ordonne l’arrestation et la déportation de 2000 juifs vers l’Est – document a été trouvé par les époux Klarsfeld).
  • Kurt Lischka / Herbert Hagen / Ernst Heinrichsohn (le procès de Cologne – première condamnation judiciaire en Allemagne pour les Klarsfeld – Accusés de la déportation de 70000 juifs français – verdict : Kurt Lischka 10 ans de prison – Herbert Hagen 12 ans de prison – Ernst Heinrichsohn 5 ans de prisons ).
  • Ernst Ehlers / Kurt Asche (procès de Kiel – officier nazi organisateurs de la solution finale – responsables de la déportation des juifs belges – jugés pour crime contre l’humanité – Ernst Ehlers se suicida avant le procès – Kurt Asche condamné à 7 ans de réclusion à cause de son âge).
  • Kurt Waldheim (ancien de la Wehrmacht – après-guerre : ministre autrichien / secrétaire des Nations-Unis / président fédéral d’Autriche – lors de l’élection présidentiel son passé nazi ressort grâce aux Klarsfeld entre autres – devient persona non-grata dans la plupart des pays).
  • Walter Rauff (ancien SS proche de Heinrich – s’enfuit en 1946 d’un camp de prisonnier italien vers les pays arabes puis l’Amérique du Sud où il collabora à de multiples dictatures – activement recherché mais jamais retrouvé il décède le 14 mai 1984).
  • Josef Mengele (médecin chef à Auschwitz – surnommé l’ange de la mort – coupable entre autres d’expérimentations médicales sur les juifs prisonniers , il s’occupait de la sélection sur la rampe où il décidait qui était apte à travailler ou condamné à mourir – s’enfuit en Amérique du Sud où il sera activement recherché – meurt noyé le 7 février 1979 au Brésil).
  • Aloïs Brunner (responsable de la déportations de plusieurs dizaines de milliers de juifs d’Europe et notamment de français quand il était chef du camp de Drancy – impliqué dans les rafles de Berlin et des enfants d’Izieu – un des criminels de guerre les plus recherchés localisé par les Klarsfeld – annonce de son probable décès à 98 ans à Damas en 2010).

Listes des collaborateurs et des nazis recherchés par le couple Klarsfeld et leur équipe

Les différentes actions de Beate et Serge Klarsfeld

Le couple Klarsfeld incarne également l’importance de la mémoire dans la lutte contre l’oubli et la révision de l’histoire. En documentant les crimes nazis et en poursuivant les responsables, ils contribuent à préserver la mémoire des millions de victimes de l’Holocauste. Leur travail de sensibilisation et d’éducation a permis de rappeler au monde l’importance de se souvenir, de tirer des leçons de l’histoire pour éviter que de tels événements ne se reproduisent. Voici quelques évènements qui ont jalonné leur lutte pour la vérité :

  • Différentes actions pour la mémoire des déportés juifs de France et intimidations envers la famille
  • 1968 : Beate interrompt Kiesinger au Bundestag
  • 7 novembre 1968 : Beate gifle Kiesinger
  • 1972 : Colis piégé envoyé à leur domicile
  • Décembre 1976 : Serge à la brasserie de Munich13
  • 1978 : publication du « mémorial de la déportation des juifs de France » qui répertorie les 76000 déportés de France par convois
  • 6 juillet 1979 : leur voiture est piégée et explose dans leur parking
  • 1979 : création de l’association des fils et filles des déportés juifs de France FFDJF
  • 1994 : Affaire des fusillées du Mont Valérien : Serge fait corriger le nombre des fusillés au Mont Valérien (de 4500 à 1007). Ainsi, il fait ressortir le pourcentage considérable des juifs fusillés par les allemands sur ce site (de 3% à 17%). Ils seront dorénavant commémorés comme les autres résistants
  • 1995 : Discours de J. Chirac au Vél’d’Hiv qui reconnait la responsabilité de la France dans la Shoah à « l’invitation » de Serge Klarsfeld
  • 13 juillet 2000 : instauration du décret no 2000-657 qui institue une mesure de réparation pour les orphelins dont les parents ont été victimes de persécutions antisémites.
  • 2011 : Affaire Louis Ferdinand Céline14 : Serge s’insurge contre le ministère de la culture qui voulait célébrer les 50 ans de la disparition de l’écrivain. Il le juge antisémite. Il dira « Frédéric Mitterrand doit renoncer à jeter des fleurs sur la mémoire de Céline, comme François Mitterrand a été obligé de ne plus déposer de gerbe sur la tombe de Pétain ». Le ministère de la culture fait marche arrière et le retire de la liste des personnes célébrées

Entretien avec Serge Klarsfeld

Lors de la rédaction de cet article, Serge Klarsfeld a accepté de s’entretenir avec moi. Je vous livre ici une partie de notre échange.

Quelle image aviez-vous de l’Allemagne à l’adolescence ? J’avais des préjugés. Je n’aimais pas les Allemands. J’étais bloqué vis-à-vis de l’Allemagne. C’était tout à fait normal en tant que fils de déporté mort à Auschwitz.

Qu’est-ce qui vous a fait changer d’opinion ? Le livre « La Rose Blanche ». Véritablement, c’est ce livre-là. Un livre de la sœur de Hans et Sophie Scholl15, qui porte le nom du mouvement de la Rose blanche. C’est l’histoire de quelques étudiants et quelques enseignants qui se sont opposés au nazisme. En le lisant, j’ai eu le sentiment, la certitude qu’il s’adressait à moi. Leur opposition s’est limitée à distribuer des tracts et à dire qu’Hitler salissait le peuple allemand ou l’Allemagne et qu’il fallait réagir. Il n’y a pas eu de complot, d’assassinat etc… il n’y a pas eu de violence. J’ai eu le sentiment qu’il s’adressait à moi ou à des gens comme moi. Cet ouvrage me disait de donner une autre chance à l’Allemagne.

Lorsque vous avez compris que vous tombiez amoureux de Beate, est-ce que le fait qu’elle soit allemande vous a posé un problème ? Non, ce n’était pas embêtant. Cependant, je me suis dit que je devais être sûr, avant de la présenter à ma mère. Et donc, j’ai attendu un an avant de la présenter à ma sœur, et puis de la présenter à ma mère, de façon à être moi-même sûr. Ma mère a été enchantée. Je crois que les mères pensent, quand elles voient une belle-fille potentielle, comment elle sera.  Elles se disent « c’est elle qui fermera les yeux de mon fils », « comment elle va se conduire vis-à-vis de mon fils ? ». Et donc là, c’est un jugement psychologique personnel et ma sœur a eu une bonne opinion et ma mère a eu une excellente opinion, alors donc j’étais sûr, à peu près, de ne pas me tromper.

Donc le fait que vous épousiez une Allemande, non-juive, n’a pas posé de problème dans votre cercle immédiat… Est-ce que, peut-être auprès d’amis ou de relations plus lointaines, il y avait quand même des préjugés ? Oui, il y avait des préjugés parce qu’elle était allemande. En plus, elle n’était pas diplômée, donc des amis ont essayé de me dissuader. Mais moi j’étais tranquille, parce que, j’avais ma mère, j’avais ma sœur, j’avais moi-même. Un jour, Beate et moi, on est allé à la Madeleine, dans un petit restaurant russe. Il y avait une chiromancienne qui m’a proposé de regarder les lignes de ma main. Elle m’a dit : « La femme qui est à côté de toi, on te dit de ne pas te marier avec elle. Tu dois te marier avec elle, parce que c’est la seule femme au monde avec qui tu peux être heureux. »

Comment votre beau-père ancien soldat de la Wehrmacht a pris votre union avec sa fille, vous le jeune roumain et juif ? Il n’était pas trop gêné d’avoir un gendre juif, il n’était pas très heureux parce que, sa fille, au lieu de vivre à Berlin, allait vivre à Paris. Il n’a pas montré d’hostilité à mon égard, et je ne lui ai pas montré trop non plus. C’étaient des gens qui, comme dit ma femme, « n’avaient rien appris, rien oublié. Ils pensaient à leur sort et ils se préoccupaient peu du sort des victimes du nazisme ».

Lui avez-vous raconté votre enfance pendant la guerre, le sort de votre père ? Oh, il a raconté ce qu’il faisait. Lui n’avait qu’une idée pendant la guerre, c’était d’échapper au danger. Il était malade de l’estomac, donc il a repris une activité sédentaire à Berlin, et il a été fait prisonnier par les Anglais. Oh, il n’a pas eu trop de problèmes. Il était un simple soldat à l’Est… Il a fait d’abord la campagne de France, et puis, il était à l’Est, mais pas longtemps. Je lui ai raconté ce que j’ai vécu mais, je n’ai pas l’impression que ça éveillait quelque chose en lui. C’était plutôt quelque chose de gênant pour lui. Oui, quelque chose de gênant, de montrer une solidarité dont il savait qu’à l’époque, il ne partageait certainement pas le sentiment.

Au moment où vous vous êtes marié, à la fin de 1963, le maire vous a dit une phrase particulière, est-ce que vous pourriez nous le rappeler ? Oui, il nous a dit « Voilà, vous êtes les premiers, sinon le premier, mariage franco-allemand que je célèbre et je vous demande d’être un exemple… » Alors voilà, on a fini de devenir un exemple, probablement parce que, c’était écrit comme ça.

A quel moment avez-vous parlé à votre fils Arno puis à votre fille Lida de votre histoire personnelle, à quel moment leur avez-vous raconté ce que vous aviez vécu pendant la guerre ? Très tôt, mais je pense, ça ne les a pas traumatisés. A mon avis, ils appartiennent à une génération où il y avait déjà la télé, donc ils ont été conscients très, très tôt. Et puis mon fils Arno, lui, dès l’âge de trois ans, partait avec ma femme ou moi, en expédition. Il était, et est toujours un militant aguerri.

Pour conclure,  diriez-vous que votre mariage avec Beate est, d’une certaine manière, une victoire sur le nazisme ? Oui, je le pense sincèrement parce que ça montre que ce qui est arrivé aurait pu ne pas arriver. Pour moi, l’avenir n’existe pas, l’avenir c’est ce qu’on en fait. Et donc, ce qui est arrivé est arrivé, on ne peut plus changer ce qui est arrivé, mais on peut d’une certaine façon, on peut changer l’avenir. On peut essayer d’en faire autre chose, et qu’il n’y avait pas de raisons que Juifs et Allemands s’entretuent… Enfin surtout que l’un tue l’autre.

Serge et Beate un devoir de mémoire

Pour conclure, Beate et Serge Klarsfeld illustrent la capacité des individus à apporter un changement significatif grâce à leur engagement et à leur persévérance. En dépit des obstacles et des dangers auxquels ils ont été confrontés, ils n’ont jamais renoncé à leur mission de justice. Leur exemple montre que même face à l’adversité, il est possible de faire une différence et de lutter pour un monde meilleur.

Ainsi, le couple Klarsfeld représente un exemple inspirant de courage, de détermination et d’engagement en faveur de la justice et de la mémoire. Leur histoire nous rappelle l’importance de se souvenir du passé et de lutter contre l’impunité, afin de construire un avenir où de tels crimes ne se reproduiront jamais. Serge et Beate Klarsfeld resteront à jamais des héros dans la lutte pour la vérité et la justice.

Au fil des décennies, leur partenariat a été une source d’inspiration pour de nombreuses personnes à travers le monde, démontrant que l’amour et l’engagement peuvent transcender les frontières et les obstacles. Serge et Beate Klarsfeld ont non seulement construit une vie ensemble, mais ont également laissé un héritage indélébile dans la lutte pour la vérité, la justice et la mémoire.

Malgré les dangers et les pressions, leur amour et leur détermination n’ont jamais vacillé.

Aujourd’hui, après nos noces d’or et 54 ans de bonheur, je peux affirmer que ce qu’elle m’a dit était vrai (la chiromancienne). Aucune autre femme ne m’aurait apporté, ce que Beate m’a offert dans notre vie privée et dans notre vie publique. Ensemble, nous sommes unis, forts et heureux, l’un sans l’autre nous n’aurions probablement pas produit grand chose, elle me doit beaucoup et moi je lui dois beaucoup plus encore.

Serge Klarsfeld dans « Mémoires » paru en 2015

Pour en savoir plus, je vous conseille…

Mémoires de Serge et Beate Klarsfeld
Mémoires publié aux éditions livre de poche
Roman photos sur les Klarsfeld
Un combat contre l’oubli aux éditions la boîte à bulles
affiche film sur les Klarsfeld
La traque téléfilm 2008
  1. Région de Roumanie ↩︎
  2. Mot russe signifiant « dévaster, démolir violemment ». Historiquement, le terme désigne des attaques violentes commises sur des Juifs par des populations locales non-juives dans l’Empire russe et dans d’autres pays ↩︎
  3. Simone Jacob épouse Veil (1927-2017), rescapée de la Shoah, elle est devenue magistrate puis ministre de la santé, député européenne et enfin présidente du parlement européen ↩︎
  4. Affaire criminelle survenue à Nice en France en 1977, conclue le 11 avril 2014 par la condamnation pour assassinat du principal suspect, Maurice Agnelet, ex-amant de la disparue, fille de la propriétaire de ce casino ↩︎
  5. La rafle du Vélodrome d’Hiver, souvent appelée « rafle du Vél’d’Hiv ». C’est la plus grande arrestation massive de juifs réalisée en France pendant la seconde guerre mondiale. Entre les 16 et 17 juillet 1942, plus de treize mille personnes, dont près d’un tiers d’enfants, sont arrêtées avant d’être détenues au Vélodrome d’Hiver à Paris avant d’être envoyés dans les camps de Pithiviers ou de Beaune la Rolande puis déportés vers l’Est. 13152 personnes furent arrêtées et seulement 811 sont rentrés des camps. La rafle a été organisée par la police française qui a procédé aux arrestations. Il faudra attendre le discours de Jacques Chirac en 1995 pour qu’un président reconnaisse la responsabilité de l’État français. ↩︎
  6. La Gestapo était la police politique de l’État nazi. Le mot est une abréviation de son nom allemand officiel, « Geheime Staatspolizei », dont la traduction littérale est « police secrète d’État ». ↩︎
  7. Camp d’extermination nazi situé en Pologne. C’est le plus grand complexe concentrationnaire du troisième Reich. En cinq ans, plus de 1 100 000 hommes, femmes et enfants meurent à Auschwitz, dont 900 000 le jour de leur arrivée ↩︎
  8. Armée du IIIème Reich ↩︎
  9. Office de radiodiffusion-télévision française : successeur de la RTF ayant pour mission la tutelle de la radiodiffusion et de la télévision publique, la gestion des émetteurs et de la production audiovisuelle nationale et régionale. L’Office est créé en 1964 et dissous en 1975 ↩︎
  10. Homme d’État allemand ancien membre du parti nazi (1904-1988). Ne pas confondre avec Henry Kissinger ancien secrétaire d’état américain ↩︎
  11. République Fédérale Allemande ↩︎
  12. « Les enfants d’Izieu » désignent 44 enfants juifs de plusieurs nationalités qui étaient cachés dans une colonie de vacance à Izieu. Klaus Barbie les a traqués et arrêtés le 6 avril 1944 sur dénonciation. Ils furent déportés ainsi que 6 de leurs accompagnateurs présents ce jour là. Une seule éducatrice survivra aux camps ↩︎
  13. La brasserie de Munich est un lieu symbolique pour l’extrême droite allemande. C’est là que démarra le putsch de 1923 et en 1940 où Georg Elser tenta d’assassiner Hitler. A la sortie de la guerre, les anciens nazis, ou nostalgiques de cette époque là, étaient membres du DVU (Deutsche Volksunion). Ce parti d’extrême droite se réunissait dans cette brasserie pour leurs réunions de propagande. Serge décida d’y faire un coup d’éclat pour montrer qu’ils n’avaient pas changés depuis la fin de la guerre. Il a réussit à entrer dans la salle, est monté sur scène et leur a crié « un juif veut parler ». Là, des membres du partis se sont jetés sur lui pour le frapper sous les yeux de la presse. Il a eu la vie sauve grâce à l’intervention de deux de ses amis qui étaient grimés en membres de la sécurité et qui ont réussi à l’exfiltrer. Ce jour là, Serge a ouvert les yeux du monde sur l’extrême droite allemande en étant le premier juif depuis la fin de la guerre à se faire tabasser en public. ↩︎
  14. L F Céline est un écrivain français (1894-1961) ouvertement antisémite, il a collaboré activement avec l’occupant pendant la seconde guerre mondiale ↩︎
  15. Hans et Sophie Scholl sont des piliers du mouvement de résistance « la rose blanche ». Avec quelques étudiants et leurs proches, ils ont lutté activement contre le parti nazi en publiant des tracts et en les diffusant à travers l’Allemagne. Ils seront arrêtés le 18 février 1943 et jugés par un semblant de procès. Sophie sera guillotinée le 22 février 1943 et Hans le sera quelques minutes plus tard ↩︎

Cet article a 10 commentaires

  1. Eric PETERS

    Magali,

    Ton article est merveilleux et magnifiquement écrit.
    Et Dieu sait que je suis exigeant sur l’usage des mots …

    La vie est faite de rencontres magiques et improbables.

    Celle de Serge en Béate en est une
    Ton échange avec Monsieur Klarsfeld, un géant, en est une autre !

    Sincèrement bravo,

    Tu dois absolument poursuivre dans la voie dans laquelle tu t’es engagée, c’est incontestablement ton
    destin de conter la vie des gens …

    Eric

  2. Noëline Visse

    J’ai toujours trouvé les actions de ce couple admirables. J’espère que leurs combats pour la justice perdureront encore longtemps.
    Un grand merci Magali pour cet article.

    1. Magali Charpentier

      Oui c’est vrai, lors de cet entretien j’ai pu voir à quel point la flamme de la justice est toujours allumée chez eux.

  3. Régis Coudret

    Bravo Magali pour ton choix de couple. Les Klarsfeld méritent qu’on parle d’eux encore et encore, et de leur vivant, même si leurs « vieux adversaires » de la génération de la seconde guerre mondiale ont presque tous disparu. Comme a dit notre Président, lors de son hommage à Robert Badinter (tiens, tiens, lui aussi fils d’immigré d’une famille venue de Bessarabie…) : “Vous nous quittez au moment où vos vieux adversaires, l’oubli et la haine, semblent comme s’avancer à nouveau.” Hélas !

    1. Magali Charpentier

      Merci Régis, j’étais moi aussi devant l’hommage à Robert Badinter et je me suis faite la même réflexion. Serge et lui avait un destin parallèle, deux enfants de Bessarabie, émigrés en France, cachés pendant la guerre, devenus avocats et se battant contre les injustices. Des exemples pour nous tous.

  4. BRETEL René

    Merci Magali.
    J’ai beaucoup apprécié l’ensemble de votre document et son écriture. Personnellement, je ne me lasse pas de m’intéresser à cette triste période de l’histoire et je ne parviens toujours pas à comprendre la cruauté indescriptible des hommes. Malheureusement, les guerres continuent de faire l’actualité, la menace de nouvelles atrocités plane en permanence, le monde va mal… Entretenir la mémoire des jeunes générations est un devoir. Encore un grand merci.

    1. Magali Charpentier

      Merci René, c’est vrai que c’est une période sombre avec l’ombre de la haine qui plane encore sur nous aujourd’hui. Il faut rester vigilant et entretenir cette mémoire vous avez raison.

  5. Greetings from Florida! I’m bored to death at work so I decided to check out your website on my iphone during lunch break.
    I really like the info you present here and can’t wait to take a look when I get
    home. I’m shocked at how quick your blog loaded on my phone ..
    I’m not even using WIFI, just 3G .. Anyways, very good site!

  6. Woah! I’m really loving the template/theme of this site.
    It’s simple, yet effective. A lot of times it’s very difficult to get that « perfect balance » between usability and
    visual appearance. I must say you’ve done a awesome job with this.

    Additionally, the blog loads very quick for me on Chrome.
    Excellent Blog!

Laisser un commentaire