En ce mois de septembre, quoi de plus naturel que d’écrire un sujet sur l’école. Cette institution, comme nous la connaissons, est assez récente. Les plus grands changements qu’elle a rencontré sont liés à l’histoire de notre pays. Certains enseignants ont dû s’adapter et d’autres se rebeller face aux pouvoirs en place. C’est donc dans ce contexte, que je vais retracer aujourd’hui la généalogie d’une femme exceptionnelle. Jeune institutrice, elle est devenue résistante face à l’occupant. Voici l’histoire de Madeleine Marzin, l’institutrice rebelle.
L’école, une institution fondamentale
L’école, institution fondamentale de la société, a pour mission d’instruire et de former les citoyens de demain. Pourtant, il arrive que, face à des contextes historiques bouleversés, cette autorité soit remise en question. Durant les périodes de guerre, les régimes oppressifs cherchent à contrôler non seulement les corps mais aussi les esprits. La désobéissance devient alors, non seulement un droit, mais un devoir moral. L’école peut ainsi se transformer en un espace de résistance, où élèves et enseignants se rejoignent pour refuser l’endoctrinement. Ils contribuent alors à la défense des valeurs essentielles de liberté et de justice.
C’est donc ce qui m’amène aujourd’hui à vous raconter l’histoire d’une jeune femme exaltée. Elle a tenté de changer les choses et a su se dresser contre le pourvoir en place pendant la seconde guerre mondiale. Ce cheminement la mènera au plus haut sommet de l’état.
L’enfance de Madeleine Marzin
Madeleine Marzin est née en 1908 à Loudéac1, petite ville située au cœur de la Bretagne. Elle grandit dans une famille modeste, dans un environnement rural typique de l’époque. Son destin se dessine tranquillement, marqué par la simplicité de la vie quotidienne et la force des traditions bretonnes. La rigueur du travail et les valeurs de solidarité familiale qui imprègnent la région forgent son caractère dès son plus jeune âge.
Acte de naissance de Madeleine Marzin le 21 juillet 1908 à Loudéac (source AD des Côtes d’Armor – Loudéac – 1908)
Issue d’un milieu ouvrier, la jeune Madeleine est sensibilisée dès l’enfance aux injustices sociales. Elle subit les dures conditions de vie des classes populaires. Ses parents, comme de nombreux habitants de la région, sont attachés à leurs racines bretonnes. Madeleine est témoin de leurs engagements dans des luttes pour de meilleures conditions de vie et de travail. Ce contexte familial et social forgera chez Madeleine un profond sentiment de justice sociale. Il éveillera au plus profond d’elle un désir de combattre les inégalités.
L’école joue un rôle important dans sa vie. Très vite, elle se distingue par sa soif d’apprendre, malgré les difficultés financières de sa famille. L’éducation, à l’époque, n’est pas toujours accessible à tous, et particulièrement aux filles. Cependant, la jeune Madeleine voit dans l’instruction un moyen d’émancipation. Cette soif de connaissances l’amène à se passionner pour la lecture et les idées nouvelles. L’acquisition de ces connaissances, la poussera plus tard à s’engager dans des mouvements de lutte sociale.
L’éducation de Madeleine
Madeleine grandit donc à Loudéac entouré de sa famille. Il y a tout d’abord son père, François Marzin qui est un rescapé de la grande guerre. Sa mère, Marie-Anne Morva, est une fervente catholique. Elle s’occupe de l’éducation de leurs enfants : Madeleine, sa sœur Angelina et ses quatre frères Pierre, François, Gustave et Albert. Une demi-sœur, Françoise, issue du premier mariage de son père vient compléter la famille. Le maigre salaire de François subvient difficilement aux besoins d’une famille si nombreuse.
En 1926, un grand malheur frappe la famille. En effet, le père de famille, rentré tuberculeux de la grande guerre, décède brutalement des suites de sa maladie. La famille déménage alors à Plouaret2 dans les côtes d’Armor. Les enfants deviennent pupilles de la nation comme leur père est mort des conséquences du conflit. L’État se charge alors de subvenir à l’éducation des orphelins de la grande guerre.
Madeleine Marzin est déterminée à poursuivre l’école malgré ce contexte social et familial difficile. Ainsi, elle réussit à intégrer l’école normale3 de Saint-Brieuc4 en 1926, un établissement qui forme les futurs instituteurs et institutrices. Ses résultats scolaires exceptionnels lui permettent de continuer des études encore plus poussées. Peu de jeunes filles de l’époque ont ce privilège. Pour une jeune fille issue d’un milieu modeste, cet accès à l’éducation supérieure représente une véritable opportunité. Elle y développe un esprit critique et se passionne pour la pédagogie. Parallèlement à cela, les idées de justice sociale et d’égalité font leur chemin dans l’esprit de l’enseignante.
Carte postale école normale de Saint-Brieuc années 20 (source AD22 – 16FI4807)
Les débuts de Madeleine l’institutrice
En 1929, Madeleine est diplômée et peut ainsi se lancer dans la vie professionnelle. Elle commence sa carrière d’institutrice dans le XVIIIe arrondissement de Paris en 1931. Ensuite, La jeune femme travaille au Plessis-Robinson (Seine) où elle reste jusqu’au 1er juin 1942. A cette époque, elle réside au 110 de l’avenue Victor-Hugo à Vanves (Hauts-de-Seine).
Elle perçoit son métier, non seulement comme un devoir d’enseignement, mais aussi comme un moyen d’éveiller les consciences et de transmettre des valeurs d’humanité et de solidarité. Un engagement fort en faveur de l’éducation pour tous marque ses débuts professionnels. Elle s’intéresse notamment aux enfants issus de milieux défavorisés. Cela la conduira à s’impliquer activement dans les luttes sociales et syndicales.
Les débuts du militantisme
Parallèlement à sa carrière d’institutrice, Madeleine Marzin s’engage, en 1932, activement au sein de l’association des « Bretons émancipés de Paris5 ». Cette association est un groupe qui réunit des Bretons venus s’installer dans la capitale et désireux de défendre des valeurs progressistes. Loin de se cantonner à une simple identité régionale, elle prône l’émancipation sociale et politique des travailleurs bretons. Ces derniers sont souvent confrontés à des conditions de vie difficiles en ville. Pour Madeleine, qui a quitté sa Bretagne natale, cet engagement est une manière de lier ses racines culturelles à son combat pour la justice sociale. Elle y milite pour les droits des ouvriers bretons, tout en défendant des idées anticléricales et en luttant contre l’oppression.
L’association devient pour elle un lieu d’expression de ses convictions, où elle s’implique avec force. Ainsi, elle participe à l’organisation de conférences, de rencontres et à des actions de solidarité. C’est dans ce cadre qu’elle renforce son réseau militant et son engagement pour la cause ouvrière et féministe.
Madeleine Marzin la syndicaliste
Militante syndicaliste, elle est alors trésorière du syndicat unitaire de l’enseignement de la Seine6 de 1933 à 1934. Son activité syndicale ne passe pas inaperçue. En effet, le 26 avril 1933, le ministre de l’Éducation nationale communique à la Direction de l’Enseignement primaire de la Seine, un rapport du Préfet des Côtes-du-Nord au ministre de l’Intérieur. Ce rapport l’informe que Madeleine Marzin, institutrice suppléante dans la Région parisienne, se livre à une activité communiste dans l’arrondissement de Lannion7 alors qu’elle est en vacances de Pâques dans sa famille. Le Préfet termine sa lettre en soulignant : « Professionnellement, Mlle Marzin est une bonne institutrice, expérimentée et consciencieuse, notée 4 sur 5 ».
Des problèmes de santé
En 1937, Madeleine est élève de l’école centrale du Parti communiste8. Par la suite elle deviendra enseignante à l’université ouvrière. Malheureusement, la maladie va interrompre son activité politique. En effet, Madeleine a une santé fragile. Frappée par une tuberculose, elle doit donc effectuer un séjour de trois ans au sanatorium de Sainte-Feyre9 (Creuse). Pendant ce repos forcé, elle adhère à « l’Association des malades en congé de longue durée », dont elle devient vice-présidente. C’est à cette occasion qu’elle fait notamment connaissance avec Jeanne Deus10 et Denise Véron11. Elle écrit alors plusieurs articles sur cette association dans « L’École libératrice », journal du Syndicat national des instituteurs à partir de 1937.
Remise sur pied, Madeleine fait grève le 30 novembre 1938 contre le décret Daladier-Reynaud12. Ce décret porte atteinte aux conquêtes du Front populaire dont les 40 heures. Entre novembre et décembre 1940, elle signe le « Manifeste aux instituteurs et institutrices de France13 ».
Les débuts de la seconde guerre-mondiale
En septembre 1939, Madeleine est toujours enseignante quand la guerre éclate. Elle se trouve emportée par un contexte politique et social en pleine turbulence. L’occupation allemande de la France et l’instauration du régime de Vichy14 vont entrainer des bouleversements majeurs. L’entrée en guerre ayant eu lieu le 1er septembre, le gouvernement hésite à laisser la rentrée en septembre. Finalement, le nouveau gouvernement reporte au 2 octobre la rentrée scolaire. Il faut du temps pour réorganiser l’enseignement. Des écoles sont vidées tandis que d’autres sont surpeuplées. En effet, de nombreux français fuient les régions de l’est vers l’ouest ou le sud-ouest.
En plus de cela, l’armée a mobilisé bon nombre d’instituteurs. Le ministère de l’éducation nationale fait donc appel aux enseignants retraités et aux femmes pour pallier à ce manque. L’engagement politique de Madeleine et sa détermination à lutter contre les injustices se renforcent au fur et à mesure que la guerre progresse. Cela la conduit alors à s’impliquer activement dans la résistance communiste dès que la situation le lui permet.
La rentrée scolaire aura lieu le 2 octobre 1939 (Source : le petit parisien 9 septembre 1939)
Madeleine Marzin, à l’instar de nombre de ses collègues communistes, est chargée d’organiser la mise à l’abri des écoliers parisiens en Creuse. Elle est une des premières à faire ces aller-retours au début de la seconde guerre mondiale. Elle connait très bien cette région où elle a séjourné durant sa convalescence avant la guerre. La jeune institutrice participe ensuite à la création du Front national universitaire. Ce mouvement encourage le renforcement de l’Organisation Secrète15 (OS) puis des Francs-tireurs partisans16 (FTP) au cours de l’année 1941. Ce sont ses premiers pas dans la résistance active.
Le gouvernement de Vichy et l’école
A partir de 1940, le gouvernement de Vichy comprend que le contrôle de la population commence dès le plus jeune âge. Le maréchal Pétain17 sillonne la France en lançant une campagne de propagande. Pour cela il ne lésine pas sur les dépenses. Au cours de l’été 1940, à peine installés à Vichy18, les fonctionnaires du nouveau pouvoir se préoccupent de faire connaître le chef de l’État à une jeunesse qui ignore à peu près tout de lui. C’est dans ce but que le gouvernement de Vichy distribue aux écoliers des images, buvards, protège-cahiers, plumiers et toute une bimbeloterie à l’effigie ou à la gloire de Pétain.
Kit Maréchal Pétain offert aux petits écoliers : Une trousse pour enfant en forme de bâton de Maréchal de France, un taille-crayon rouge « Offert par le Maréchal », 4 porte-mines avec des maximes de Vichy, un tampon buvard métallique décoré du portrait du Maréchal Pétain (source : catalogue d’enchères en ligne)
Dès la rentrée scolaire, un petit abécédaire est édité comportant en vis-à-vis de chacune des lettres de l’alphabet une photo évoquant la vie ou la personne du chef de l’État. On se promène ainsi de « A : comme Amour du Maréchal pour le drapeau » à Z en passant par « Y : les Yeux du Maréchal »… Les autorités responsables de la propagande diffusent des albums d’images à colorier. On peut par exemple citer « La vie du Maréchal – petit album à colorier par les enfants de France ».
Extrait de l’ABCdaire « Pétain » distribué aux écoliers (La lettre A de l’abécédaire : A comme Amour de la patrie d’après le maréchal Pétain La lettre F de l’abécédaire : F comme Fleur d’après le maréchal Pétain. La lettre K de l’abécédaire : K comme Képi) (source : catalogue d’enchères en ligne)
Le principal illustrateur vichyste, Ambroselli, dirige un atelier d’artistes et d’artisans « L’imagerie du Maréchal » qui crée des séries d’images sur le thème des Saints Patrons, des métiers de France, des Fables de La Fontaine ou encore des calendriers et jeux illustrés.
Alain Saint-Ogan réalise une série de 30 affichettes scolaires, toutes à la gloire de « héros du passé », intitulées « La France que nous aimons ».
Dans le but d’appuyer les campagnes de promotion de l’image du Maréchal, le gouvernement en place organise plusieurs concours à l’occasion de Noël. Le « Secrétariat général à l’information19 » utilise les enfants pour mieux faire passer un message politique auprès de leur famille.
L’image la plus représentative de cette propagande reste l’obligation pour les élèves de chanter tous les matins la célèbre comptine « Maréchal nous voilà20 » au garde à vous. Cependant, certains enseignants ont essayé de résister en disant ne pas se mêler de politique. Des inspections régulières contrôlent les établissements scolaires dans le but de vérifier si toutes les directives sont respectées. Certains élèves, aux familles proches du pouvoir en place, étaient susceptibles de dénoncer les professeurs contrevenants. Se rebeller pouvaient s’avérer dangereux.
L’affaire de la rue de Buci
En mai 1942, son destin bascule. Madeleine profite de quelques jours de congés lors des vacances scolaires pour préparer une manifestation avec l’aide du PCF (Parti Communiste Français). Le 31 mai, jour de la fête des mères, emblème du régime de Vichy, elle entraine des ménagères à se rebeller contre les autorités.
Ce jour-là, elle joue un rôle actif dans l’organisation et la réalisation d’une manifestation devant un magasin de la rue de Buci à Paris. La protestation vise à dénoncer la collaboration économique et l’exploitation des civils sous l’occupation nazie. La population a faim alors qu’allemands et collaborateurs vichystes pillent les magasins de denrées alimentaires. Madeleine, en tant que membre influente du réseau de résistance communiste, a contribué à coordonner cette action qui s’inscrit dans une série d’opérations visant à affaiblir l’occupation allemande et à mobiliser la population française contre les injustices du régime de Vichy et de l’occupant nazi. Sa participation renforce non seulement la visibilité de la résistance communiste mais souligne aussi son engagement dans la lutte contre l’oppression et la collaboration.
Malheureusement, cette manifestation tourne à l’émeute, entrainant de terribles conséquences. Deux policiers attirés par le bruit accourent pour stopper les dégradations dans la boutique. Les manifestants les bousculent et blessent ces deux hommes. Ce n’est pas tout, un homme qui passe par là, policier en congé, vient au secours de ses collègues. Le bilan est lourd, deux morts : l’agent Morbois et le brigadier Eugène Vaudrey, 44 ans, père d’un enfant.
Article sur les évènements de la rue de Buci (Source : Paris-Soir du 2 juin 1942)
Les répercutions sur les émeutiers
Les répressions du régime de Vichy sont à la hauteur du drame. Les responsables sont traqués dans Paris, il y a plus de 40 arrestations. Les autorités judiciaires considèrent les victimes comme des martyrs tués par des terroristes. Dès le surlendemain des arrestations, le conseil des ministres du régime de Vichy sous les directives du Maréchal Pétain décide de traduire les premiers interpellés devant le Tribunal d’État21. Cette instance est une juridiction d’exception sans instruction contradictoire, créée avec les sections spéciales, à l’automne précédent.
Les deux agents tués sont enterrés en présence de nombreuses personnalités. Le secrétaire général de la police René Bousquet22 et le préfet de police de Paris Amédée Bussière23, placé à ce poste par le Maréchal lui-même, sont présents. Ils appellent dans leur éloge funèbre à « châtier les coupables rapidement et impitoyablement ! ».
Dans un éditorial vengeur intitulé « Le temps des assassins », l’hebdomadaire d’extrême droite « Je suis partout24 » explore le même registre. Il surfe sur cette vague populaire et appelle à la vengeance si la justice s’avère trop lente ou trop indulgente :
« Le temps des assassins, c’est le temps de la jungle, et la loi de la jungle reste le talion. Nous en avons assez des cadavres de nationaux et du meilleur sang qui rougit la pierre de nos villes. […] L’heure où de justes représailles ne sont pas exercées par la France sur les communistes et sur les Anglais risque d’être, au minimum, l’heure où des communistes et des Anglais seront trouvés étranglés par des mains sans armes, et pendus aux réverbères des quartiers frappés. »
Article de presse (source : Je suis partout du 6 juin 1942)
L’arrestation de Madeleine Marzin et de ses camarades
C’est dans ces conditions que la police de Vichy arrête Madeleine et plusieurs de ses camarades. Le 26 juin, le Tribunal d’État prononce les quatre premières condamnations à mort. Le 23 juillet, les trois hommes condamnés sont guillotinés à la prison de la Santé tandis que Madeleine Marzin est graciée par Pétain. Ce dernier ne fait pas cela par bonté d’âme. En effet, le garde des Sceaux Joseph Barthélémy25 s’oppose à une sanction de peine de mort pour une femme. Il réussit à convaincre un Pétain, indifférent à la question, que l’exécution de Madeleine Marzin ferait mauvais effet sur l’opinion publique.
La nouvelle tient en quelque ligne dans la presse. Les noms des suppliciés, Edgar Lefébure26, Henri Meunier27 et André Dalmas28, ne sont même pas mentionnés. Et pas davantage, bien sûr, leurs derniers mots : on apprendra par la suite de l’avocat de Lefébure que « ses dernières paroles furent : Vive la France ! Le mot “France” fut prononcé au moment même où le couperet achevait sa course. Puis ce fut le tour de Meunier et de Dalmas, également calmes et magnifiques ».
Entrefilet dans la presse annonçant l’exécution des auteurs de l’émeute (Source : Journal le matin du 24 juillet 1942)
Mayer Kaliski29, un accusé acquitté mais soupçonné d’être juif, est lui déporté dans un des premiers convois pour Auschwitz, où il mourra. D’autres participants à la manifestation seront exécutés plus tard, dont cinq élèves du lycée Buffon30, condamnés dans un premier temps à perpétuité puis livrés aux Allemands, qui les soupçonnent de tentatives d’assassinat, et fusillés en février 1943.
Les résistantes étaient chargées de lancer la manifestation depuis la file d’attente puis en envahissant le magasin et les FTP (Francs-Tireurs et Partisans) de l’encadrer. Ce sont ces derniers qui se sont retrouvés au contact de la police.
Une évasion rocambolesque
Écrouée dans un premier temps à la prison de la Roquette à Paris, Madeleine Marzin doit poursuivre sa peine à Rennes. C’est au cours de ce transfert, le 17 août 1942, qu’elle s’évade en gare de Montparnasse. Bénéficiant de l’aide d’autres prisonnières complices qui font diversion, elle s’échappe d’un wagon alors que le train est encore à l’arrêt. « J’ai baissé le carreau, je suis passée par la fenêtre, je suis tombée sur la voie. Une fille m’a passé mon petit ballot, j’ai regardé à droite, à gauche : pas un chat », décrira-t-elle bien des années plus tard.
Madeleine devient alors la femme la plus recherchée de France. Un couple de Tréguier31, exilé à Paris, l’hébergent d’abord. Ensuite, elle bénéficie de la protection d’autres résistants, qui la cachent, et enfin du soutien du Parti Communiste clandestin, qui la nomme responsable de « l’Union des femmes françaises32« , une organisation de défense des droits des femmes, dans l’est de la France. Elle y œuvre alors, pendant deux ans dans la clandestinité sous le nom de Jeanne Renambot.
Elle regagne enfin Paris aux premiers jours de l’insurrection. Pour sa conduite pendant l’Occupation, elle recevra la rosette de la Résistance33.
Le temps de l’épuration policière
À la Libération, la manifestation de la rue de Buci devient un enjeu de l’épuration de la justice. C’est aussi une mise en avant de la mémoire et de la reconnaissance de la résistance. En janvier 1945, un premier recours en révision des condamnations est rejeté au motif que l’affaire est considérée comme un crime de droit commun. Pour la justice, c’est un simple pillage alimentaire qui a mal tourné. Il faudra finalement un deuxième examen du dossier pour que l’État français annule les condamnations en février 1945. Ils écriront alors que cette protestation était officiellement considérée comme un épisode de résistance.
Réhabilitation des condamnés à mort des évènements de la rue de Buci à Paris (Source : Journal La croix du 3 mars 1945)
Le 14 mars 1945 elle témoigne devant la commission d’épuration de la police. Elle déclare alors : « J’ai été arrêtée le 1er juin 1942 au domicile de monsieur Sézille de Mazancourt au 5 rue Auguste-Chabrière à Paris XVe arrondissement. Cette interpellation a été faite par un inspecteur au moment où je me présentais dans cet appartement. […]. Le 2 juin, les inspecteurs de police ont procédé à mon interrogatoire, j’ai été frappée pendant une douzaine d’heures environ par ces inspecteurs qui voulaient me faire reconnaître ma participation à une organisation terroriste. J’ai été frappée à coups de nerf de bœuf et à coups de matraque sur tout le bas du corps, notamment sur les fesses, les jambes et même les doigts de pieds, j’ai également reçu des gifles. » Madeleine Marzin porte alors plainte contre les inspecteurs qui l’avaient arrêtée et ceux qui s’étaient « livrés à des sévices sur ma personne ».
Le temps de l’épuration judiciaire
Fin décembre 1949, la justice appelle à nouveau l’ancienne résistante à témoigner. En effet, c’est le procès du procureur Paul Farge, fervent collaborateur, qui avait condamné à mort Madeleine et ses camarades lors des évènements de la rue de Buci. Il avait aussi obtenu en 1943 la tête de Marie-Louise Giraud34, jugée coupable d’avoir aidé des femmes à avorter. La justice le condamne aux travaux forcés à perpétuité pour collaboration.
Article « au procès des juges sanglants » (Source : Journal L’humanité du 30 décembre 1949)
L’entrée en politique de Madeleine Marzin
Après la guerre, grâce à ses faits d’armes et sa renommée, elle entre en politique. Avant même la libération totale du pays, Madeleine Marzin est nommée conseillère municipale de la ville de Paris et conseillère générale de la Seine au titre du Comité Parisien de Libération35. Les élections de 1945 confirmeront son siège jusqu’en 1951 (année de sa députation).
Madeleine Marzin se présente également aux suffrages de ses concitoyens lors des scrutins nationaux d’après-guerre. Cependant, sa position sur la liste communiste de la troisième circonscription de la Seine, qui regroupe les arrondissements du Nord-Est de Paris, ne lui permet pas d’être élue. Elle est en effet sixième puis septième en 1945 et 1946, pour les Assemblées nationales constituantes, et la liste communiste n’obtient que quatre sièges lors de ces deux échéances. Aux élections de novembre 1946, pour la première législature, Madeleine Marzin est à nouveau septième sur une liste en progression, mais qui n’emporte que cinq sièges. Cette situation change en 1951 : cette fois, la liste communiste régresse, n’obtenant que quatre députés, mais Madeleine Marzin est précisément en quatrième position, et fait donc son entrée au Palais-Bourbon36.
La député Madeleine Marzin
Pendant son mandat à la mairie de Paris, elle s’intéressait particulièrement aux questions d’enfance : les colonies de vacances et les crèches municipales. Après la validation de son élection, le 6 juillet 1951, elle est nommée membre de la Commission de l’éducation nationale et membre suppléant de la Commission des immunités parlementaires. De fait, c’est principalement dans le domaine de l’éducation que son activité de parlementaire va se déployer : l’institutrice qu’elle a été met toute son énergie au service de l’amélioration des conditions de travail et de formation des enseignants et des élèves ; elle s’occupe également, au Palais-Bourbon, d’affaires sociales.
Une député engagée
Madeleine Marzin ne perd rien de son activisme pendant cette courte législature. En effet, de 1951 à 1956, pour le compte de son parti et de son domaine d’activité, l’éducation nationale, elle se consacre corps et âme à sa tâche.
Elle consacre aussi une large part de son énergie à d’autres dossiers sociaux tels que la rémunération des fonctionnaires, le soutien aux économiquement faibles, les conditions de travail des transporteurs routiers, ou encore l’abrogation de la redevance de location et d’entretien des compteurs électriques instituée en 1957. Mais c’est bien l’éducation nationale qui reste l’objet de prédilection de son travail intensif : elle dépose notamment plusieurs propositions de loi visant à revaloriser le traitement des personnels du CNRS37 (1957 et 1958), à améliorer les conditions de travail et la rémunération des agents techniques des lycées et collèges (1957), ou encore à réduire les frais des élèves des écoles normales supérieures (13 mai 1958).
Madeleine Marzin retrouve, en 1959, son siège de conseillère municipale de Paris dans le 9e arrondissement. En 1965, les parisiens la réélisent dans le 14e secteur (le 20e arrondissement), et ne se représente pas en 1971.
Une fin de vie solitaire
Du côté de sa vie personnelle, Madeleine est restée célibataire. Après une vie aux services des autres, elle s’éteint le 27 mai 1998 dans le 10e arrondissement de Paris dont elle avait été une élue. Ses camarades communistes étaient présents pour la saluer une dernière fois.
Comme Lucie Aubrac38 ou encore les époux Gallon39 , Madeleine fait partie des enseignants qui n’ont pas hésité à désobéir. Leurs faits d’armes ont contribué à sauver de nombreuses vies. Nous leur devons notre liberté aujourd’hui.
De nombreuses villes ont souhaité rendre hommage à la résistante et député Madeleine Marzin. Une rue de Paris porte son nom. La ville de Saint-Brieuc a également décidé de lui rendre un bel hommage. En effet, elle donne son nom à un ancien collège réhabilité en INSPE40 qui forme de nouveaux professeurs. Si vous souhaitez en savoir plus sur Madeleine Marzin, l’auteur Alain Prigent a écrit sa biographe. L’ouvrage « Madeleine Marzin, Bretonne, résistante et élue communiste de Paris » est paru aux éditions Manifeste en 2022.
Pour cet article je souhaite remercier ma fille Faustine pour son aide toujours aussi précieuse pour le design des photos.
- Loudéac est une commune française située dans le département des Côtes-d’Armor, en région Bretagne. Ses habitants sont appelés les Loudéaciens et les Loudéaciennes. Au dernier recensement la commune compte 9615 habitants. ↩︎
- Plouaret est une commune du département des Côtes-d’Armor, dans la région Bretagne, en France. Ancien chef-lieu du canton de Plouaret, elle se situe dans le Trégor, en Basse-Bretagne. ↩︎
- Les écoles normales sont des établissements publics où les jeunes gens qui se destinent aux fonctions d’instituteur ou d’institutrice viennent compléter leur instruction et s’initier aux meilleures méthodes d’enseignement. ↩︎
- Saint-Berieu en gallo, et Sant-Brieg en breton, d’après le nom du moine Brioc, est une commune française située en Bretagne, dans l’ouest de la France, Préfecture des Côtes d’Armor, elle en est également la ville la plus peuplée avec une population de plus de 45 000 habitants (2015) appelés les Briochins et Briochines. ↩︎
- Marcel Cachin, directeur de l’Humanité, fonde les « Bretons Émancipés » (Aujourd’hui l’Union des sociétés bretonnes d’Ile de France) ↩︎
- Le SNUEP (Syndicat National Unitaire de l’Enseignement Professionnel) syndique les personnels de l’enseignement professionnel dans le cadre de la formation initiale, continue et tout au long de la vie. ↩︎
- Lannion est une commune française située dans le département des Côtes-d’Armor, en région Bretagne. Ses habitants sont appelés les Lannionnais. ↩︎
- Pour accélérer « l’homogénéisation idéologique », en novembre 1924, s’ouvre la première école centrale du PCF à Bobigny. Au même moment sont créés les « Cahiers du bolchevisme ». Cette école doit former des cadres ouvriers, et les enseignants. L’Internationale choisit le communiste allemand Alfred Kurella pour diriger le « travail d’éducation » en France. ↩︎
- Sainte-Feyre est une commune française située dans le centre du département de la Creuse en région Nouvelle-Aquitaine. Elle est limitrophe de Guéret, chef-lieu et commune la plus peuplée du département. ↩︎
- Jeanne Deus (1913-1987) Institutrice, compagne de Mayer Kaliski. Le couple participera également aux évènements de la rue de Buci. ↩︎
- Denise Véron (1918-2004) Professeure d’allemand et compagne de Jean Atlan. Sa carte d’identité fut retrouvée par la police au domicile de Madeleine Marzin lors de son arrestation. Elle est considérée comme complice des émeutes de la rue de Buci. ↩︎
- Les « décrets-lois Reynaud-Daladier » du 14 novembre 1938 sont des mesures prises par Paul Reynaud, ministre des Finances : dévaluation du franc, hausse des impôts, réarmement, économies drastiques sur d’autres postes, majoration du plafond des heures supplémentaires et la durée du travail remonte à 41,5 heures ↩︎
- Un groupe d’instituteurs communistes animé par Eugène Hénaff, dirigeant ex-unitaire de l’Union Départementale C.G.T. de la Seine, lance un appel aux « Instituteurs et Institutrices de France ». Ce texte, signé « Le Comité Central du P.C.F. » est publié à 15 000 exemplaires et diffusé en région parisienne. Le manifeste dénonce les mensonges de la « Révolution Nationale » et de la « Fédération Européenne » ; il se prononce sans équivoque contre Vichy et ses séides. Il lance une ardente invitation à « rester unis pour faire renaître, sur la base d’une lutte résolue, le Syndicat National des Instituteurs ». Il demande aux maîtres de s’appuyer sur les « Comités populaires formés par les parents d’élèves pour la défense de nos écoles » contre la répression et pour l’annulation des sanctions, pour « faire respecter en toutes circonstances les droits de l’École Laïque et de ses maîtres », pour « l’union des instituteurs et de tous les intellectuels avec tous les travailleurs », pour « l’union de la nation française pour la liberté et l’indépendance de la France ». Des initiatives du même ordre se développent dans quelques départements de la zone nord. ↩︎
- Le régime de Vichy est le régime politique autoritaire et collaborationniste avec l’Allemagne Nazie instauré en France à la suite de l’armistice du 22 juin 1940 durant la seconde guerre mondiale. De nature traditionaliste, xénophobe et antisémite, ce régime avait à sa tête le maréchal Philippe Pétain, secondé par le chef du gouvernement Pierre Laval en 1940 et de 1942 à 1944, avec un intérim de l’amiral François Darlan. Le régime de Vichy a assuré le gouvernement de la France du 10 juillet 1940 au 9 août 1944 pendant la Seconde Guerre mondiale et durant l’occupation du pays par le Troisième Reich. Le régime est ainsi dénommé car le gouvernement siégeait à Vichy située dans le sud-est de l’Allier, en zone libre, alors qu’officiellement la capitale était toujours Paris. ↩︎
- L’Organisation de résistance de l’Armée, l’O.R.A., est créée le 31 janvier 1943 à la suite de l’invasion allemande de la zone libre en novembre 1942, en tant qu’organisation apolitique regroupant d’anciens militaires français déterminés à résister de façon active contre l’occupant de la France. ↩︎
- Les Francs-tireurs et partisans français, également appelés Francs-tireurs et partisans, est le nom du mouvement de résistance intérieure française créé à la fin de 1941 et officiellement fondé en 1942 par la direction du Parti communiste français. ↩︎
- Philippe Pétain, né le 24 avril 1856 à Cauchy-à-la-Tour (Pas-de-Calais) et mort en détention le 23 juillet 1951 sur l’île d’Yeu (Vendée), est un militaire, diplomate et homme d’état français. Élevé à la dignité de maréchal de France en 1918, il devient un héros national suite à la première guerre mondiale. Il est frappé d’indignité nationale et déchu de toutes ses distinctions militaires en 1945 suite à ses faits de collaboration avec l’Allemagne Nazie pendant la seconde guerre mondiale. ↩︎
- Vichy, appelée parfois autrefois Vichy-les-Bains, est une ville thermale dans le centre de la France, située dans le sud-est du département de l’Allier, en région Auvergne-Rhône-Alpes. Elle est une des principales villes de la région historique du Bourbonnais. Ses habitants sont appelés les Vichyssois et les Vichyssoises. ↩︎
- Le 21 mars 1940, eut lieu la démission du gouvernement Daladier et la constitution du cabinet Paul Reynaud. Le député Louis fut chargé de l’information avec le titre de ministre, tandis que le député André Février était nommé sous-secrétaire d’État au ministère de l’Information. Cette situation fut régularisée par décret du 1er avril, portant création d’un ministère qui avait pour mission « de recueillir de mettre en œuvre et de diffuser, par tous les moyens, l’ensemble des éléments utiles à l’affirmation et à la propagation de la pensée et de la politique françaises, ainsi qu’à la défense des intérêts supérieurs de la nation ». ↩︎
- Dans la journée, au cours de la leçon de chant, on apprend « Maréchal nous voilà ».
C’est un des moyens d’inculquer l’idée de la Révolution nationale aux jeunes enfants et de s’en servir comme vecteurs pour diffuser cette idéologie dans les familles. Cette chanson à la gloire du maréchal Pétain a été créée dès 1940. Les paroles sont d’André Montagard qui a été aidé pour la musique par Charles Courtioux. En fait, cette chanson est un plagiat qui a utilisé, pour les paroles, une chanson dédiée au Tour de France et, pour la musique, une composition de Casimir Oberfeld, mort en déportation, en 1945, à Auschwitz.
Cette chanson devient, en fait, l’hymne officieux de l’État français, même si La Marseillaise n’a pas été supprimée.
Elle est largement diffusée par la radio, notamment par la voix d’André Dassary. ↩︎ - Le tribunal d’Etat se réunit pour la première fois le 13 septembre 1941 afin «d’offrir » aux Allemands les trois dernières condamnations à mort promises par Vichy. Les communistes Adolphe Guyot, Jacques Woog et Jean Catelas sont exécutés le 24 septembre 1941. Il continuera sa funeste tâche jusqu’à la libération. ↩︎
- René Bousquet (Haut fonctionnaire – directeur de la police sous Vichy – Accusé de crimes contre l’humanité pour sa participation à la rafle du Vél’d’Hiv et à d’autres rafles en 42 dans la zone sud – assassiné le 8 juin 1993 par Christian Didier). ↩︎
- Amédée Bussière (1886-1953) est un haut fonctionnaire français. Il a été préfet de police de Paris de mai 1942 à août 1944. Il est arrêté à la libération de Paris le 20 août 1944 et incarcéré à la prison de la santé. Révoqué le 25 mai 1945, il est jugé en juillet 1946 par la cour de justice de la Seine et condamné à mort. Sa peine est commuée en une peine de travaux forcés à perpétuité. Il est gracié en 1951 et obtient la libération conditionnelle. ↩︎
- Je suis partout est un hebdomadaire français publié par Arthème Fayard, dont le premier numéro sort le 29 novembre 1930. Pierre Gaxotte est son responsable jusqu’en 1939. Journal rassemblant des plumes souvent issues ou proches de l’Action Française, il devient, à partir de 1941, le principal journal collaborationniste et antisémite français sous l’occupation allemande. Le dernier numéro est daté du 16 août 1944, et ses rédacteurs sont ensuite jugés et lourdement condamnés, notamment à la peine de mort. ↩︎
- Joseph Barthélemy, né le 9 juillet 1874 à Toulouse et mort le 14 mai 1945 à Auch, est un juriste, un éditorialiste, un académicien et un homme politique français, ministre de la Justice sous le régime de Vichy. Il meurt d’un cancer en mai 1945, avant la fin de la procédure judiciaire à son encontre. ↩︎
- Edgar Lefébure né le 3 novembre 1909 à Maubeuge (Pas-de-Calais), guillotiné le 23 juillet 1942 à la prison de la Santé à Paris (XIVe arr.). Ouvrier métallurgiste, tôlier, militant communiste et résistant membre de l’Organisation spéciale (OS). ↩︎
- Henri Meunier né le 3 janvier 1898 à Paris (Xe arr.), guillotiné le 23 juillet 1942 dans la cour de la prison de la Santé à Paris (XIVe arr.). Il est ajusteur, garçon de bureau, militant communiste, résistant FTPF. ↩︎
- André Dalmas né le 29 septembre 1913 à Thomery (Seine-et-Marne), guillotiné le 23 juillet 1942 dans la cour de la prison de la Santé à Paris (XIVe arr.). Il était employé au central télégraphique, militant communiste et résistant FTPF. ↩︎
- Mayer Kaliski, né le 15 octobre 1910 à Lodz (Pologne). Il était le compagnon de Jeanne Deus. Il est mort en 1942 à Auschwitz (Pologne). Il était ajusteur, employé et antifasciste. ↩︎
- Le 17 juin 1942, quatre amis arrêtés comparaissent devant le tribunal spécial de Paris pour avoir participé à la manifestation de la rue de Buci sous les accusations de « pillage, tentative d’homicide volontaire et association de malfaiteurs ». La sanction est sans appel : travaux forcés à perpétuité. Toutefois étant compromis dans des attentats contre les troupes d’occupation, ils sont remis aux autorités allemandes. Un de leur camarade les rejoindra pour former le groupe « des cinq martyrs du lycée Buffon ». Ils furent exécutés le 8 février 1943. Les lettres d’adieux, écrites le jour de leur mort à leurs parents, sont particulièrement émouvantes. ↩︎
- Tréguier est une commune, chef-lieu de canton du département des Côtes-d’Armor, dans la région Bretagne, en France. Tréguier est la capitale historique du Trégor. Cathédrale, ruelles et maisons à pans de bois comptent parmi les éléments caractéristiques de cette ancienne cité épiscopale. ↩︎
- En juillet 1940, après la défaite et la fondation du régime de Vichy, la « Société de secours des blessés militaires », « l’association des dames françaises » et « l’Union des femmes de France » fusionnent à la demande du gouvernement pour former la croix rouge française, reconnue d’utilité publique par un décret du Maréchal Pétain du 7 août. Ce décret entérine et officialise la fusion ↩︎
- La médaille de la Résistance française est une décoration française instituée en février 1943 à Londres par le général de Gaulle, chef de la France combattante. ↩︎
- Marie-Louise Giraud, née Marie-Louise Lempérière le 17 novembre 1903 à Barneville (Manche) et morte guillotinée, le 30 juillet 1943 à la prison de la Roquette à Paris, pour avoir pratiqué 27 avortements. « Faiseuses d’anges », elle est une des deux seules personnes exécutées pour ce motif en France avec Désiré Pioge, guillotiné le 22 octobre 1943 pour 3 avortements. ↩︎
- Le Comité parisien de la Libération, créé le 23 octobre 1943, fait partie du réseau des comités départementaux de libération, organisations de coordination et de représentation. ↩︎
- Le palais Bourbon est le bâtiment qui abrite depuis 1879 l’Assemblée nationale française, situé sur le quai d’Orsay dans le 7ᵉ arrondissement de Paris, dans l’enfilade du pont de la Concorde et de la place de la Concorde. ↩︎
- Le Centre national de la recherche scientifique, plus connu sous son sigle CNRS, est le plus grand organisme public français de recherche scientifique. Il exerce son activité dans tous les domaines de la connaissance. ↩︎
- Lucie Aubrac, pseudonyme de Lucie Samuel, née Lucie Bernard le 29 juin 1912 à Paris et morte le 14 mars 2007 à Issy-les-Moulineaux, était une résistante française communiste à l’occupation allemande et au régime de Vichy pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle agissait notamment avec son mari, Raymond Samuel. ↩︎
- Étiennette (1917-1995) et Jean (1914-2017) Gallon sont un couple d’instituteurs, résistants qui ont sauvé de nombreux enfants et leurs familles pendant la seconde guerre mondiale. Pour avoir caché des pilotes et fabriqué de faux papiers, Jean a été déporté à Buchenwald. ↩︎
- L’Institut national supérieur du professorat et de l’éducation. ↩︎
Merci Magali pour ce nouveau témoignage concernant une Résistante. Je ne connaissais pas cet abecedaire sur Pétain. Il n’existe pas d’équivalent du côté de Hitler, mais il faut dire que le culte de la personnalité autour du führer dans l’Allemagne nazie était omniprésent. Bonne continuation.
Quelle vie incroyable ! Madelaine a eu beaucoup de chance de croiser le chemin de Joseph Barthélémy sans qui elle n’aurait pu continuer son combat.
Merci Magali pour ce partage.
Encore un bel article à ton actif. Bravo